Mauritanie. Crise post-électorale: le porte-parole du gouvernement atténue la sortie du ministre de l'Intérieur

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Le 28/06/2019 à 16h16, mis à jour le 28/06/2019 à 16h44

Près d’une semaine après le scrutin présidentiel du 22 juin 2019, la Mauritanie reste plongée dans une crise post-électorale. Après la sortie accusatrice du ministre de l'Intérieur, le porte-parole du gouvernement joue la modération avec les pays voisins d'Afrique subsaharienne.

Sidi Mohamed ould Maham, ex-ministre de la Culture, de l’artisanat et porte-parole du gouvernement, a saisi l’occasion du point de presse consacré aux commentaires des résultats de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres pour justifier les mesures prises dans le cadre de la gestion de la crise post-électorale, notamment le déploiement des forces de l’ordre, la coupure d’Internet et les relations avec les pays voisins. C'était sa dernière sortie, avant d'avoir présenté sa démission le lendemain vendredi 28 juin. 

Sur ce dernier point, le porte-parole du gouvernement mauritanien soutient «qu’il n’y a aucun nuage avec ces Etats de la sous-région. Ce sont plutôt les ressortissants de ces pays vivant en Mauritanie qui ont été arrêtés pour avoir participé à des rassemblements et activités non autorisées et de nature à troubler l’ordre public».

Un discours qui tranche avec celui du ministre de l'Intérieur qui avait accusé une «main étrangère» qui serait derrière les vives tensions qui ont suivi la proclamation unilatérale par le candidat Mohamed ould Ghazouani de sa courte victoire alors que 20% des bulletins de vote n'étaient pas encore dépouillés.

Il faut aussi souligner que les communautés étrangères originaires de l’Afrique de l’Ouest, accusées par le ministre de l'Intérieur, ont répondu en dénonçant «des rafles opérées sur les lieux de travail et même à domicile pour les impliquer dans des histoires auxquelles elles ne sont pas mêlées». 

Pour rappel, le ministre mauritanien de l’Intérieur avait dénoncé une main étrangère derrière ces manifestations. Suite à cela, les ambassadeurs du Sénégal, du Mali et de la Gambie ont été convoqués par le ministre mauritanien des Affaires étrangères et de la coopération, Ismaël ould Cheikh Ahmed.

Rappelons qu'à l'issue du scrutin du 22 juin, les 4 candidats de l’opposition ont contesté les résultats annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) donnant la victoire au candidat du régime, Mohamed ould Ghazouani, avec 52% des voix exprimées.

Biram Dah Abeid (candidat indépendant-leader antiesclavagiste) et Sidi Mohamed ould Boubacar (indépendant-ancien Premier ministre), qui ont réalisé chacun un score de plus de 18% des suffrages exprimés ont introduit des recours auprès du Conseil constitutionnel.

Ils demandent l’annulation des résultats du premier tour sur la base «de votes multiples chez les militaires, l’impossibilité du contrôle des opérations électorales par certains de leurs représentants expulsés des bureaux, le vote d’électeurs non inscrits...».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 28/06/2019 à 16h16, mis à jour le 28/06/2019 à 16h44