Visiblement piqué par le virus de la politique, l’ancien président de la République «veut garder la main» comme dirait l’autre.
C’est dans cette dynamique qu’il a placé sa visite au siège de l’Union pour la République (UPR), un parti créé en 2009 pour appuyer sa candidature à l’élection présidentielle organisée le 18 juillet de la même année. Ce scrutin est venu mettre fin à une période de rupture de la légalité constitutionnelle provoquée par le putsch du 6 août 2008, mené par le même Ould Abdelaziz, alors général de l'armée.
Ce parti a servi de fer de lance à la majorité présidentielle pendant les 11 années de magistère de Mohamed ould Abdel Aziz.
Un passage au cours duquel l’ancien chef de l’Etat a tenu une réunion avec les responsables de l’UPR. Des personnalités parmi lesquelles on peut citer Seyidna Aly ould Mohamed Khouna, ancien ministre et président du Comité provisoire chargé d’administrer l’UPR jusqu’au prochain congrès, Bodiel ould Houmeid, vice-président de l’UPR, ancien ministre sous les régimes de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya et Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi, et Mohamed ould Abdel Fettah, ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines (un poste qu’il occupait également sous le règne de Mohamed ould Abdel Aziz).
Lire aussi : Vidéo. Mauritanie: un expert justifie l’exigence d’audit de la gouvernance de Ould Abdel Aziz
La réunion du mardi soir s’est déroulée également en présence de nombreuses autres personnalités politiques et cadres.
Au menu du conclave, «la clarification de la position du parti, en tant que segment essentiel de la majorité sous le pouvoir de Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, prêt à accompagner pleinement à la mise en place de son programme pour aider au développement de la Mauritanie», souffle une source bien informée.
Par ailleurs, la réunion du mercredi soir a fixé l’organisation du congrès du parti à la date 20 février 2020.
La rencontre de la soirée du mercredi 20 novembre témoigne aussi de la détermination de l’ancien président à donner un nouveau souffle à l’Union pour la République (UPR), dont l’écrasante majorité des députés et maires du pays a été élue sous les couleurs de ce parti, pour qu’il reste la première force politique du pays.
Lire aussi : Mauritanie: le RFD de Ould Daddah réclame un audit de la gouvernance d'ould Abdel Aziz
Au-delà de cet épisode, on s’interroge sur ce que devrait être l’attitude des personnalités les plus proches du régime Ghazouani, dont certaines nourrissent un projet de création d’un parti, par rapport à la nouvelle donne d’un UPR décidé à conserver son leadership, avec un Mohamed ould Abdel Aziz à la manœuvre.
Ghazouani et Aziz sont des compagnons et des amis depuis une quarantaine d’années. Une relation certes solide, mais qui risque de traverser de possibles turbulences dans ce cas de figure d’un ancien président, chef de parti, avec forcément une influence et des intérêts particuliers dans le jeu politique. La vocation ultime de toute association à caractère politique n’est elle pas la conquête du pouvoir au-delà des alliances et coalitions toujours conjoncturelles?
LIRE AUSS: Vidéo: Soupçonnant des abus, des Mauritaniens réclament l'audit de la gestion de Ould Abdel Aziz
La réunion de l’UPR, tenue après plusieurs mois de léthargie, est intervenue quelques heures après la publication d’une déclaration de la Coalition des Forces pour un Changement Démocratique (CFCD) réclamant un audit des entreprises publiques nationales en grande difficultés et même «en quasi faillite». Une situation imputée à la gouvernance du président Mohamed ould Abdel Aziz et par rapport à laquelle les Mauritaniens sont invités à la mobilisation pour refuser l’impunité des présumés responsables.
Invité à donner son opinion par rapport à la rencontre entre l’ancien président et ses partisans, Moussa ould Hamed, ancien DG de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), un organe du gouvernement, parle «d’un Mohamed ould Aziz mécontent du silence de ses partisans face aux attaques de l’opposition contre sa gestion et sa personne. Il cherche une tribune et un bouclier médiatique, dans l’objectif évident de continuer à exister sur le terrain politique».