Le pésident mauritanien a effectué ce lundi 27 janvier une visite à Rossà, la capitale du Trarza et place forte de la filière agricole mauritanienne. L'objectif fondamental de ce déplacement est le lancement de projets d’aménagement agricole, dans une région situé au sud-ouest du pays, à la frontière avec le Sénégal.
Ce détour de quelques heures dans le centre névralgique de l’agriculture en Mauritanie, intervient dans un contexte «de crise» régulièrement évoquée par les acteurs de la filière depuis plusieurs semaines. Ainsi, le nouveau chef de l’Etat aura droit à un chapelet de doléances.
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Sadvaa Cheikh El Houssein, opérateur de la filière agricole, jette un coup d’œil critique sur le rétroviseur de la gestion de ce secteur: «Nous avons eu 30 ans d’agriculture politique. Ce constat dénote d’une absence totale de politique agricole».
Il parle cependant «d’espoir» devant le discours du nouveau gouvernement, qui se dit ouvert à la concertation et au dialogue.
Face à cette volonté affichée, «nous voulons une feuille de route claire pour en finir avec l’instabilité actuelle, qui fait que chaque nouveau ministre vient remettre en cause ce qui a été mis en place par son prédécesseur, avec des résultats catastrophiques».
Cet acteur de la filière agricole note positivement l’objectif d’autosuffisance en riz «affiché par les autorités, objectif qui est à notre portée».
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Exposant les doléances, il revendique la création d’un Conseil supérieur de l’agriculture (CSA), présidé par le chef de l’Etat, qui siège à la fin de chaque campagne pour en faire l’évaluation, un plan quinquennal élaboré suivant une démarche associant tous les acteurs et non un document conçu entre 4 murs au niveau de Nouakchott. Il exige aussi une assurance agricole sans laquelle il est impossible de contracter un crédit bancaire, mais aussi la réduction du coût d’exploitation de l’hectare pour diminuer le prix du riz à la consommation, etc.
«Nous achetons le gasoil à 38,7 ouguiyas le litre, alors qu’il est vendu à 24,3 ouguiyas aux opérateurs de la filière pêche. Dans le même temps, notre consommation en carburant représente moins de 20% de celle de la pêche. Nous voulons être alignés sur ces derniers», a expliqué El Houssein.
Cet acteur de la filière agricole pose également «le problème de la concurrence déloyale, avec le riz étranger introduit frauduleusement, à partir des frontières terrestres avec le Sénégal et le Mali».