Mauritanie: annonce officielle de la constitution d’une commission d’enquête sur la gouvernance Aziz

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Le 31/01/2020 à 15h22, mis à jour le 31/01/2020 à 15h57

L'Assemblée nationale de Mauritanie a annoncé la mise en place d'une commission d'enquête pour "faire la lumière" sur les 11 années au pouvoir de l'ex-président ould Abdel Aziz. Elle devra faire la lumière sur la gabegie et plusieurs affaires qui ont défrayé la chronique durant la décennie écoulée.

Après une initiative d’un groupe de députés de l’opposition, validée par la commission des Affaires économiques et sociales, l’assemblée nationale mauritanienne a annoncé, ce vendredi, la constitution d’une commission d’enquête sur la gouvernance du président Mohamed ould Abdel Aziz au cours de la dernière décennie.

Tous les groupes parlementaires sont représentés au sein de cette nouvelle commission.

Arrivé au pouvoir par un putsch le 6 août 2008, Mohamed ould Abdel Aziz a été élu président de la République en 2009, réélu en 2014, avant de passer le témoin à Mohamed ould Cheikh El Ghazouani, un autre général à la retraite, compagnon depuis 40 ans, sorti vainqueur d’un scrutin organisé le 18 juin 2019. Le nouveau président a prêté serment le 1er août 2019.

Le document préliminaire justifiant la création de la commission d’enquête insiste sur «l’importance du rôle du parlement par rapport à l’action de l’exécutif, la transparence, la bonne gouvernance dans la gestion des deniers publics et le contrôle des gestionnaires, qui sont des facteurs de nature à soigner l’image de marque d’un pays et constituent l’envoi d’un signal de confiance aux investisseurs.

Par ailleurs, cette démarche concrétise les aspirations du peuple, la cohésion sociale et protège les deniers publics, en offrant des informations fiables, loin de la rumeur et clameur publiques et des informations inexactes».

Cette commission d’enquête aura à faire des investigations sur plusieurs affaires relatives à des attributions de marchés publics: la vente du foncier abritant des écoles et places publiques, des concessions d’infrastructures à l’aéroport et au port de Nouakchott, l’attribution de marchés dans les domaines de l’énergie, un contrat avec la société chinoise Poly Hondong dans le domaine de la pêche, les conditions de liquidation de certaines entreprises publiques.

Dans un document fleuve publié fin 2018, Moussa Fall, un opposant, économiste, qui a dirigé plusieurs entreprises publiques, présentait les années de règne de Mohamed ould Abdel Aziz, comme «une décennie perdue pour le développement», malgré les importantes ressources tirées d’une conjoncture internationale marquée par une hausse des cours du fer, et une énorme dette frôlant les 100% du Produit Intérieur brut (PIB), contractée auprès de différents partenaires.

Un résultat désastreux imputé à «une gouvernance caractérisée par l’amateurisme, l’improvisation, une ultra centralisation de la gestion du pays et l’usage du pouvoir à des fins d’enrichissement personnel».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 31/01/2020 à 15h22, mis à jour le 31/01/2020 à 15h57