Nouveau rebondissement dans l'enquête sur les 11 années de gouvernance de l’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a régné en maître absolu sur la Mauritanie du 6 août 2008 au 1er août 2019.
En effet, le parquet général près la Cour suprême annonce l’ouverture d’une enquête préliminaire après réception d’un rapport accablant établi par une Commission d’enquête parlementaire (CEP), qui a mené des investigations pendant 6 mois, selon un communiqué de presse rendu public mercredi soir.
Le pôle de la justice chargé de la lutte contre la corruption va ordonner une enquête préliminaire qui sera «menée avec rigueur et sérieux, de manière neutre et impartiale, en conformité avec les règles de procédure pénale» par la police chargée de la répression contre les infractions à caractère économique et financier.
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«Toutes les personnes qui seraient ultérieurement reconnues coupables des faits incriminés, après enquête, seront poursuivies devant les juridictions compétentes dans le cadre d’un procès équitable, garantissant la présomption d’innocence et les droits de la défense», explique la déclaration du parquet général.
Les députés ont enquêté sur les conditions d’exécution et procédure de gestion relatives à sept (7) projets: terminal à conteneurs et hydrocarbures du Port autonome de Nouakchott, dit Port de l’Amitié (PANPA), Société mauritanienne d’électricité (Somelec), éclairage public à l’énergie solaire et ligne haute tension Nouakchott-Nouadhibou, la fondation et la politique commerciale de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH) et contrat de pêche avec la société chinoise Poly Hong Dong Fisheries.
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Globalement cette enquête concerne «109 marchés attribués suivant la procédure d’urgence du gré à gré pour des fonds évalués à 430 milliards d’anciennes ouguiyas, soit 1,14 milliard de dollars. Des ressources dont 89% seraient allées à des personnalités proches de l’ancien régime», selon une source bien informée.
Au cours de ses investigations, la Commission d’enquête parlementaire (CEP) a auditionné trois anciens Premiers ministres et de nombreux ministres sous le régime de Mohamed ould Abdel Aziz, dont certains ont été reconduits dans le gouvernement du président Mohamed Cheikh El Ghazouani.
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Ils ont tous affirmé avoir agi sur ordre formel de l’ancien président de la République pour l’adjudication des marchés suivant des procédures contestées.
Convoqué pour audition par les députés, l’ancien chef de l’Etat ne s’était pas présenté.
C’est la première fois dans l’histoire de la Mauritanie qu’un ancien président de la République risque des poursuites pour crimes économiques.