Mauritanie: appel à un pacte républicain pour un renouveau démocratique et social

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Le 11/08/2020 à 15h42, mis à jour le 11/08/2020 à 16h35

La Coordination des partis politiques représentés au Parlement (CPPP) appelle à un large front républicain pour faire face aux maux dont souffre la Mauritanie, quant à la cohabitation entre les différentes communautés du pays, l'esclavage, la corruption, etc.

La Mauritanie est un pays dont l’histoire politique est hantée par les coups d’Etat militaires, source de changements anticonstitutionnels, et un déficit de culture démocratique dont le résultat a été une absence de dialogue et de consensus sur tous les grands enjeux qui conditionnent l’avenir du vivre ensemble.

Cet Etat a connu 32 années d’une démocratie étouffée par les règnes autoritaires de Maaouya ould Sid’Ahmed, Ahmed Taya et Mohamed ould Abdel Aziz, avec un relatif espoir d’évolution positive lors de la transition du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD/Ely ould Mohamed Vall) et le régime démocratiquement élu du président Sidi Mohamed ould Cheikh Abdallahi.

Cependant, la nouvelle approche introduite par Mohamed Cheikh El Ghazouani, aux commandes de la République depuis le 1er août 2019 et qui rencontre et discute régulièrement avec la classe politique, notamment l’opposition, suscite à nouveau l’espoir.

C’est dans ce climat politique apaisé qu’il faut replacer la nouvelle initiative annoncée dans un communiqué du lundi 10 août par la Coordination des partis politiques représentés au parlement (CPPP), qui englobe plusieurs formations de la majorité et de l’opposition.

Parmi les signataires du document, l’on remarque l’Union pour la République (UPR), locomotive de la majorité, et des partis de l’opposition historique, comme le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et l’Union des forces de progrès (UFP)…

Cette coordination, née dans la foulée de la mobilisation contre la pandémie de Covid-19, appelle à un large front républicain «pour s’attaquer aux questions majeures, liées à l’unité nationale et à la gouvernance politique» ainsi qu’économique.

Ce document a été publié seulement 24 heures après la formation d’un nouveau gouvernement. Celui-ci écarte tous les ministres incriminés par le rapport d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP), sur «la corruption» sous le régime de l’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz (2008-2019), et qui a été transmis à la justice la semaine dernière.

La déclaration estime que «la solution à ces problèmes nécessite de profondes réformes politiques, économiques et sociales, qui passent par l’élaboration d’un pacte républicain fondé sur des principes d’équité, de justice et d’égalité, qui protègent les libertés individuelles et collectives, et sert de fondement à un système démocratique solide et bien enraciné. Ce train de réformes contribuera de manière constructive au maintien de la paix sociale, au renforcement de l’unité nationale, loin des considérations étroites à caractère racial, ethnique, tribal ou régional».

Les questions majeures liées à l’unité nationale en Mauritanie concernent le problème historique de l’esclavage, la cohabitation entre les communautés et le passif humanitaire de la fin des années 1990-1991, l’introduction dans le système éducatif des langues négro-africaines et les dénonciations récurrentes de «l’exclusion» par certaines communautés nationales.

Quant aux questions de gouvernance, elles renvoient à l’impunité dont bénéficient les présumés auteurs du pillage de l’économie nationale depuis 42 ans.

Le pacte républicain souhaité par la CPPP serait «une grande première dans l’histoire du pays depuis l’indépendance, une feuille de route pour un renouveau démocratique et social» commente un homme politique.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 11/08/2020 à 15h42, mis à jour le 11/08/2020 à 16h35