Maître Mohaden ould Ichidou, l'un des avocats les plus anciens du barreau de Mauritanie, membre du collectif de défense de l’ancien président, affiche sa satisfaction après la libération de son client: «nous avons accueilli cette mesure avec une grande joie. Le président Mohamed ould Abdel Aziz a été ramené à son domicile par les policiers, vers une heure du matin, ce lundi. Il a trouvé sur place une immense foule. Nous avons fêté l’événement pendant toute la nuit. C’est là la preuve qu’il reste populaire et aimé de la population, contrairement au discours de ses adversaires qui prétendent que le cercle de ses fidèles se limite à Isselkou ould Ahmed Izidbih [l'ex-ministre des Affaires étrangères, Ndlr] et moi-même».
La police des crimes économiques avait libéré l’ancien président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, au cours de la nuit du dimanche au lundi, après une semaine de garde à vue dans les locaux de la DGSN.
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L’ex-chef de l’Etat y était interrogé par la police chargée de la répression des infractions à caractère économique et financier, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte après la transmission à la justice, le 5 août dernier, d’un rapport d’une Commission d’enquête parlementaire (CEP) dénonçant «la corruption» dans l’attribution de 109 marchés publics sous son règne de 2008 à 2019.
Cette libération intervient après l’expiration du délai de garde à vue prévue par la loi. Les policiers ont confisqué le passeport de Mohamed ould Abdel Aziz, et lui ont demandé de rester à la disposition de l’enquête, et notamment de ne pas quitter la capitale, Nouakchott.
Selon ses avocats, «durant tout la semaine de garde à vue, l'ex-président a refusé de collaborer avec la police, et n’a fait aucune déclaration. Il a motivé ce refus, selon ses avocats, par une immunité absolue que lui confère l’article 93 de la constitution. Le président de la République ne pouvant l’objet de poursuites que dans les cas de haute trahison. Une infraction dont le traitement relève exclusivement de la Haute Cour de Justice (HCJ)».
Les faits de «corruption» reprochés à l’ancien président portent sur l’attribution de 109 marchés relatifs à l’énergie, aux infrastructures, à la gestion du Fonds national de revenus des hydrocarbures (FNRH), la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), une concession portuaire à Nouakchott, un contrat de pêche, la gestion du foncier à Nouakchott, la liquidation d’entreprises publique, etc.