Doté d’un impressionnant carnet d’adresses, qui lui permit d’occuper un poste de conseiller auprès de l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, et entretenant de solides liens d’amitié au sein de nombreux palais présidentiels au Sahel et en Afrique de l’Ouest, ce Mauritanien, originaire de l’Est, issu de l’ensemble tribal des «Tejkanet»? s’est taillé une solide réputation dans le difficile exercice des négociations visant la libération des otages occidentaux enlevés dans la région.
Ce qui lui a valu le qualificatif de porteur de valises du désert. Dans un entretien diffusé jeudi 22 octobre par RFI, le célèbre intermédiaire évoque plusieurs sujets, avec retenue. Ce qui ne l’empêche pas d'exposer les raisons pour lesquelles il a souvent réussi dans ces pourparlers d’un genre bien particulier.
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Un exercice dans lequel il dit avoir «utilisé plus de tact que les autres. Vous savez, quand vous accomplissez de telles missions, qui ne sont pas du tout faciles, vous prenez beaucoup de risques. Il faut savoir s’adresser aux uns et autres, maîtriser l’art et la manière de poser les problèmes. Peut-être que j’ai trouvé les mots appropriés pour pouvoir convaincre les ravisseurs en faveur de l’option de libération des otages». Parmi ces atouts, Mustapha Limam Chaafi convoque également son statut de personnalité ouest-africaine par excellence, parlant plusieurs langues de la sous-région: l’arabe, le tamashesq, le haoussa, le djerma….
En tant que musulman, il affirme prier avec les ravisseurs au moment d’accomplir ce pilier essentiel de la religion, pendant les interminables séances de négociations. Répondant à une question du journaliste, il réfute complètement la thèse lui prêtant un rôle dans les discussions ayant abouti à la libération de Soumeila Cissé, chef de file de l’opposition au Mali, et à celle de l’otage française, Sophie Pétronin. «Contrairement à ce qui a été écrit, je n’ai jamais offert mes services. J’ai recommandé des personnes qui étaient bien introduites et qui pouvaient aider à cette libération, mais je n’ai joué aucun rôle. Je ne peux pas en dire plus. On se réjouit que les négociations aient abouti, mais encore une fois, je n’ai joué aucun rôle dans le dénouement».
Sur une éventuelle implication du touareg malien, Sedane Ag Hita -commanditaire présumé de l’enlèvement et de l’assassinat de 2 reporters de RFI, Gislaine Dupont Claude Verlon, le 2 novembre 2013- dans la libération de Cissé et Pétronin, Chaafi «ne confirme rien, et n’a recommandé personne».
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Au sujet de l’identité des dizaines de terroristes ayant fait l’objet d'un «troc» dans le cadre du dénouement de cette affaire, notamment les présumés auteurs de l’attentat de Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) en mars 2016, le Mauritanien déclare «ne rien savoir. Je n’ai pas vu la liste. C’est une décision de souveraineté des Etats, motivée par des raisons humanitaires. Il faut plutôt poser la question aux services maliens. Seuls les Etats savent pourquoi ils ont accepté les conditions».
Interrogé sur de possibles amitiés dans les cercles djihadistes, Mustapha Limam Chaafi répond ne pas en avoir. Il dit ne pas connaître plus que ça Abou Zeid, «un dur, rencontré uniquement le cadre de négociations pour la libération des otages». En revanche, il connaît Iyad Ag Ghali, mais ne porte aucune appréciation sur ce dernier, car il ne sait pas si le chef djihadiste malien est dans les dispositions pour négocier. Enfin, Mustapha Limam Chaafi n’est pas surpris par la mort d’Abdel Malik Droukdal, qu'il range dans la catégorie «des gens qui ont fait le choix d’aller vers la mort».