L’extrémisme religieux gagne du terrain en Mauritanie au point que certaines franges de l’opinion, et même des observateurs avertis nourrissent la crainte d’une infiltration de l’Etat islamique (EI) dans un pays ou l’attachement à la pratique d’un islam pacifique, ouvert et tolérant relève d’un fait historique.
La montée de l’extrémisme au pays du million de poètes s'est illustrée au cours de ces dernières années dans le domaine judiciaire, et surtout dans la rue, via l’affaire Mohamed Ould M’Kheitir.
Ce jeune blogueur a été condamné à la peine capitale pour «apostasie» par une cour criminelle en 2016. Une décision annulée par la Cour suprême il y a quelques jours. Celle-ci ordonne le renvoi de l’affaire devant une cour d’appel autrement composée.
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Suite à cette décision, les magistrats de la haute juridiction font l’objet de violentes attaques de la part de certains milieux religieux.
Du coup, le sort du jeune, qui doit repasser devant de nouveaux juges au cours des prochains mois, reste incertain et ce d’autant que certains n’ont pas hésité à mettre sa tête à prix sans qu’ils ne soient inquiétés outre-mesure par les autorités qui préfèrent ménager, autant que possible, les religieux.
Une incertitude liée au contexte. Car, depuis l’arrestation du blogueur à la fin de l’année 2014, les manifestations de rue demandant sont exécution se multiplient.
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Dans cette ambiance de peur, un gros pavé est jeté dans la mare ce samedi 12 février par le site d’informations en ligne «avaaz.org». Celui-ci interpelle le secrétaire général des Nations (ONU), Antonio Guterres «pour empêcher l’installation de DAECH en Mauritanie».
«avaaz.org» évoque «des révélations (sonores, enregistrées) du 3 février, qui confirment les soupçons des observateurs: l’existence de lobbys politico financiers, agissant par la corruption et le blanchiment d’argent, le charlatanisme, le recrutement d’ex-combattants terroristes, avec la complicité de certaines franges des services spéciaux qui auraient la main haute sur d’importants centres de décision, dans l’objectif de noyauter l’appareil d’Etat».
Ainsi «sous le prétexte de défendre l’Islam, un rideau de fer s’abat petit à petit sur la société civile, les voix critiques du régime, les activistes, la presse de l’élite indépendante, ainsi que l’opposition authentique.
La Mauritanie se dirige inéluctablement vers un état de peur, d’inquisition, de terrorisme intellectuel et physique. Daech est à nos portes».