Plans zones contradictoires, transactions réalisées en marge des procédures légales, double emploi, défaillance dans la tenue des archives de l’administration: la gestion du foncier à Nouakchott ressemble à une véritable Cour du roi Pétaud.
Une pagaille qui a abouti notamment à la poussée de quartiers précaires «gazras» posant l’épineux problème d’une urbanisation désordonné et mal maîtrisée, qui réinvente le modèle rural, et parfois nomade, dans une agglomération dont la population est estimée à plus de 1,2 million habitants. En plus, cette situation s’est traduite par la multiplication des conflits fonciers. Environ 50.000 plaintes et réclamations liées au foncier sont enregistrées à Nouakchott.
Face à cette situation, le gouvernement a décidé de réagir pour mettre un peu d’ordre. C’est dans cette perspective que le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances, chargé du budget, et le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, ont présenté une communication conjointe relative à la gestion foncière, au cours de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres du jeudi 23 février 2016.
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Dans les détails, le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie et des finances, chargé du budget, Mohamed Ould Kembou, évoque une situation marquée par «une superposition de plans de lotissement pour une même zone, des doubles emplois, des transactions foncières conduites par individus non habilités par la loi et n’ayant aucune compétence juridique et technique dans ce domaine, plus une absence d’archives auxquelles se référer en cas de besoin».
Reste à savoir si cette nouvelle initiative sera à même de résoudre les multiples conflits fonciers nés des squats de terrains et des ventes en cascade d’un même lot ou lopin.
Interrogé au sujet des solutions à apporter aux problèmes du foncier à Nouakchott, un expert de l’urbanisation rappelle que «cette capitale a été fondée à la fin des années1950, mais que les décideurs politiques et les experts en urbanisme n’ont pas su tirer des enseignements des difficultés rencontrées dans ce domaine par les autres grandes agglomérations de la sous-région : Dakar, Abidjan et Bamako».
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Pour faire face à la pagaille actuelle, il préconise «une sécurisation de la gestion technique et juridique de l’espace, qui doit commencer par la fin de la multiplicité des acteurs intervenant dans les procédures d’attribution foncière».
Pour comprendre la complexité du phénomène, à une certaine période, l’attribution foncière faisait intervenir jusqu’à 11 départements ministériels. Ce qui exige une mise en œuvre rigoureuse du décret de 2010, qui confère l’exclusivité des compétences d’attribution foncière au ministère des Finances. Toutefois, «cette démarche doit être accompagnée par une action visant le renforcement des capacités humaines et matérielles des services intervenant dans le foncier et des notaires chargés de la sécurisation juridique des transactions».