Vidéo. Mauritanie: un rapport de Human Rights Watch dénonce les violences sexuelles

DR

Le 08/09/2018 à 14h33, mis à jour le 08/09/2018 à 14h39

VidéoLes survivantes des violences sexuelles en Mauritanie sont dans une situation préoccupante. C'est ce que révèle l'ONG américaine de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW), dans un rapport présenté cette semaine à Nouakchott.

Ce document qui a pour titre «Ils m’ont dit de garder le silence» réalisé sur la base d’une enquête menée à Nouakchott et Rosso, a été commenté par maître Candy Ofime, avocate, chercheuse au sein de l’organisation basée à New York.

Au cours de son exposé, maître Ofim a expliqué que «les survivantes de violences sexuelles sont exposées à de graves risques, du fait des lacunes qui entachent les enquêtes, les poursuites, les voies de recours et services d’aide aux victimes. La criminalisation des relations sexuelles hors mariage met en danger les survivantes de viol, du fait que la loi les dissuade de porter plainte, car elles seraient poursuivies elles-mêmes» pour «Zina», c'est-à-dire le fait d’avoir entretenu des rapports sexuels hors-mariage.

Le rapport interpelle les autorités pour que les mauritaniennes «survivantes de violences sexuelles ne courent plus le risque d’être poursuivies et emprisonnées, dans le cadre de procédures d’enquêtes ne garantissant pas le principe du respect de la vie privée, leurs droits et leur dignité».

A ce titre, pour lutter contre ces violences, le gouvernement devrait exiger que les forces de l’ordre et le système de santé cessent de traiter les victimes comme des suspectes, les soutenir dans le cadre de leurs démarches judiciaires, de leur rétablissement dans leurs droits et traduise les agresseurs en justice.

Les auteurs du rapport ont interrogé 33 femmes et filles ayant rapporté avoir été violées. HRW juge positive l’attitude du gouvernement, qui n’a pas fait obstacle à ses investigations, et a répondu à toutes les questions, affichant la volonté politique de lutter contre ce mal.

Par ailleurs, l’organisation encourage les autorités à accélérer l’adoption d’une loi sur la protection des jeunes filles et des femmes, actuellement en cours au sein de l’assemblée nationale. Le texte en projet devrait comporter une définition du viol.

HRW recommande également dans son rapport la dépénalisation des rapports sexuels hors-mariage, chose qui reste impensable dans une société à 100% musulmane et fortement marquée par le poids des traditions.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 08/09/2018 à 14h33, mis à jour le 08/09/2018 à 14h39