De nombreux établissements d'enseignement de Nouakchott ont entamé une grève hier, jeudi, à l’appel du Syndicat Général de l’Enseignement Privé (SGEP). Ce mouvement vise, dans un premier temps, à dénoncer «une pression fiscale exorbitante», en total décalage avec les revenus réels générés par ces écoles.
Le deuxième objectif des grévistes est d’exiger la mise en œuvre, par le ministère de l’Education nationale, d’une législation destinée à revaloriser le statut de ces écoles privées, un statut resté en souffrance et dans les tiroirs de l’administration depuis plusieurs dizaines années.
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Cette grève «est bien suivie au niveau des établissements privés de la Sebkha (banlieue pauvre, située au sud-ouest de la capitale mauritanienne), où toutes les écoles ont respecté le débrayage, à l'exception d'une seule.
Certaines écoles du quartier résidentiel de Tevragh-Zeina se sont aussi mises en grève, selon les dires d'un enseignant mauritanien, doté d'une longue expérience, et qui fait partie des premiers fondateurs du réseau d’écoles privées de Mauritanie, affiliées au Syndicat Général de l’Enseignement Privé (SGEP).
Quant aux écoles d’autres quartiers de Nouakchott, tant celles situées dans le centre-ville, que celles des banlieues Nord, Sud et Est, elles ont, elles aussi, respecté ce mouvement.
Toutefois, certaines écoles privées de Tevragh-Zeina sont restées ouvertes. C’est le cas, notamment, de ce directeur d’établissement rencontré hier, jeudi.``
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Tout se déclarant «victime» du fisc, qui lui demande de payer 1,3 millions d’anciennes ouguiyas au titre de l’année 2018, il désapprouve, sur le plan de la forme, la démarche du syndicat «qui a appelé hier, aux environs de 17 heures, pour lancer le mot d’ordre».
Ainsi, non-gréviste, les cours de cet établissement ont été dispensés comme à l'accoutumée jeudi, mais ce directeur d'établissement appelle toutefois les services fiscaux à revoir leurs méthodes.
Il estime également que l’assiette de l’impôt ne doit pas uniquement être déterminée sur la base des effectifs des établissements scolaires, «car nous avons des cas sociaux. Il nous arrive de recevoir 4 à 5 enfants membres d’une même famille, indigente, pour la modique somme de 500 nouvelles ouguiyas, soit moins de 15 euros».
Du côté des grévistes, on admet le principe l’obligation de s’acquitter de l’impôt «mais sur une base équitable».
Ceux-ci appellent ainsi à une large concertation avec les services compétents et tous les partenaires, en vue de trouver une solution de nature à préserver les écoles privées, devenues les piliers du système d’enseignement mauritanien, alors que les établissements publics, relevant du ministère de ll'Education nationale, sont actuellement plongés dans une profonde agonie, et ce, depuis plusieurs dizaines d’années, au point d’être désertés par tous les enfants dont les parents ont un minimum de moyens.