Mauritanie: les propos d’un conseiller saoudien sur l’arabité de quelques pays de la Ligue arabe fâchent

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Le 26/09/2019 à 12h57, mis à jour le 26/09/2019 à 13h04

Un conseiller saoudien aurait demandé l’expulsion de la Mauritanie et de quelques pays africains de la Ligue arabe, au motif que ces Etats ne peuvent assimilés à des "pays arabes". Des propos qui suscitent un certain malaise auprès des pourfendeurs d’une "arabité" exclusive du pays et des autorités.

Les récents propos sur "l’arabité" de la Mauritanie et d'autres pays, attribués à un conseiller saoudien, défraient en ce moment même la chronique et animent les débats à Nouakchott.

Selon une déclaration rapportée par la presse, largement commentée sur les réseaux sociaux, un conseiller saoudien dont l'identité exacte n'a pas été révélée, et qui est détaché auprès de la Ligue Arabe, organisation panarabe dont le siège se trouve au Caire, exige "l’expulsion de la Ligue des Etats Arabes (LEA) de certains pays non-arabes, tels que la Mauritanie, le Soudan, Djibouti et la Somalie, qui ne sont pas assimilables aux pays arabes, tant du point de vue de la composition de la population, de la géographie que de l’histoire. Les échecs de la ligue arabe sont imputables au fait que cette organisation est devenue un sanctuaire protecteur de pays qui n’ont aucune histoire. L’arabité est une passion, une harmonie, une histoire et une langue. Des critères qui ne sont pas applicables à la Mauritanie, à titre d’exemple", a ainsi asséné ce conseiller saoudien. 

Ces propos ont été accueillis avec un silence et une réelle gêne dans les milieux panarabes de Nouakchott, alors que les détracteurs d’une Mauritanie exclusivement arabe ont trouvé là un exutoire pour effacer cette idée.

La Mauritanie et l’Arabie Saoudite entretiennent, par ailleurs, d’excellentes relations et sont liées par de multiples accords de coopération.

Si aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée à l'heure actuelle, cependant, l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), organe du gouvernement, a relayé mardi dernier, en soirée, une déclaration de l’ambassadeur du royaume d’Arabie Saoudite accrédité à Nouakchott, Huzaa Ben Zeben, qui a tenu à souligner "l’estime réciproque entre les peuples mauritanien et saoudien".

Le diplomate saoudien, qui s’exprimait à l’occasion d’une cérémonie marquant la célébration du 89e anniversaire de la réunification du royaume, a également affirmé que "les relations entre les deux pays frères ont connu un développement considérable, débouchant sur la signature de plusieurs accords, des échanges de visites d’hommes d’affaires et le voyage, en Mauritanie, de l’émir Mohamed Ben Salman Ben Abdel Aziz", dit MBS. 

Rapporté à son contexte, les déclarations de ce diplomate apparaissent comme une réponse indirecte à une "bourde diplomatique" commise par ce conseiller saoudien.

Toutefois, au-delà de ces propos et des commentaires qu’ils ont pu susciter en Mauritanie, de nombreux observateurs à Nouakchott s’interrogent sur les réelles questions de l'heure, à savoir les défis et les enjeux auxquels doit faire face la Mauritanie en 2019: éducation de qualité, traitement consensuel de la question sociale afin de créer les conditions d’une véritable cohésion nationale, approfondissement de la démocratie, amélioration de la gouvernance.

Sans oublier une gestion rationnelle des nouvelles ressources gazières, et la sécurité du territoire face à la menace terroriste. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 26/09/2019 à 12h57, mis à jour le 26/09/2019 à 13h04