Adama Barrow a atterri, en toute discrétion, dans la nuit du samedi au dimanche à Dakar. Mankeur Ndiaye, ministre sénégalais des Affaires étrangères, a confirmé la nouvelle, sans trop s'étendre. Le président élu de la Gambie devrait rester au Sénégal jusqu’à son investiture prévue le 19 janvier prochain. Depuis que Yahya Jammeh, le président sortant, refuse d’accepter le résultat du scrutin du 1er décembre 2016, la Gambie est plongée dans une crise postélectorale que tente de résoudre la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Choisie pour trouver une alternative à la crise gambienne, la présidente en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Ellen Johnson Sirleaf, a proposé au président Macky Sall d’accorder un séjour à Adama Barrow. La famille d’Adama Barrow serait même attendue à Dakar selon certaines sources.
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Dakar ne veut pas compliquer la situation plus qu'elle le l'est déjà. Ainsi, la présence au Sénégal de Barrow n’est que provisoire parce que pour son investiture, il doit être impérativement présent sur le territoire gambien. Sa prestation de serment doit également se faire en présence d'un juge.
Pour le moment, rien ne confirme une résidence prolongée dans un lieu précis d'Adama Barrow à Dakar pour «ne pas jeter l’huile sur le feu», soutiennent les autorités. Une attitude qu’elles partagent avec les alliés politiques d’Adama Barrow, même si Mai Fatty, son porte-parole, affirme que l’investiture se tiendra, comme le dit la constitution gambienne, le 19 janvier.
«Le mandat de Jammeh finira le 19 janvier et, à cette date, Barrow, le nouveau président, sera investi pour assurer sa fonction de président», a-t-il soutenu. Mais la question de savoir où se tiendra cette investiture reste entière. Joint au téléphone par le360 Afrique, Babacar Ba, président du Forum du justiciable, soutient «qu’il y a des institutions habilitées à recueillir la prestation de serment de Barrow n’importe où. Souvenons-nous de la prestation de serment du président Abdouaye Wade au stade Léopold Sedar Senghor, après sa victoire au scrutin de février 2000».
Gambie: le sauve-qui-peut avant l’intervention de la CEDEAO
Malgré la deuxième visite rendue à Yahya Jammeh et à Adama Barrow, par la délégation ouest-africaine, qui a eu lieu le vendredi 13 janvier, le président gambien sortant n’entend pas quitter la présidence gambienne avant le verdict de la Cour suprême gambienne qu'il a saisie. Yahya Jammeh a purement et simplement demandé que la Cour suprême sorte un arrêt demandant à l'ensemble des juges gambiens de refuser de recevoir la prestation de serment de Barrow.
Mais le verdict de cette dernière va certainement tarder à venir, comme ce fut le cas lors des précédents recours, puisque cette cour suprême ne possède qu'un juge qui en est le président. Quatre autres juges sont nécessaires, mais Jammeh a du mal à les trouver dans la sous-région. Ainsi, cette cour n’existe que de nom.
«J’ai parlé avec ma sœur et amie, son excellence madame Ellen Johnson Sirleaf, présidente de la République du Liberia. J’ai rappelé notre volonté de résoudre dans la paix, la situation politique actuelle dans le respect de la Constitution. Je lui ai aussi rappelé qu’une injonction pour bloquer l’investiture d’Adama Barrow, avant que la Cour suprême rende son verdict, a été déposée par nos soins». Une manière, pour Jammeh de faire durer le suspense et confisquer le pouvoir.
Toutefois, le séjour de Barrow à Dakar est un soulagement pour ses partisans qui craignaient pour son intégrité physique et celle de sa famille.