Il aura tenu en haleine tout un continent, mais cette fois plus aucun doute n'est possible concernant le départ du très versatile président gambien. Après une intense activité diplomatique, la énième en moins d'un mois et la deuxième depuis le 18 janvier impliquant des chefs d'Etat africains de la sou-région, Yahya Jammeh renonce enfin à tenir tête à ses pairs. La déclaration a été faite tardivement dans la nuit du vendredi au samedi à la télévision d'Etat.
"En tant que musulman et patriote, je crois qu'il n'est pas nécessaire de verser une seule goutte de sang gambien", a-t-il dit. Ajoutant que "depuis le début de cette impasse politique, j'avais promis devant Allah que toute cette crise devait être réglée dans la paix". Evidemment, ces surprenantes déclarations rompent avec la posture guerrière que le président gambien a tenue tout au long de cette crise, rejetant toutes les propositions qu'on lui a faites.
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Mais au final, il lâchera la seule phrase que tout le peuple gambien mais aussi sénégalais attendait: "Jai décidé en toute conscience de renoncer au leadership de cette grande nation".
Finalement donc, ce nouveau déplacement du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et du chef de l'Etat guinéen Alpha Condé a donné ses fruits.
Jammeh reste néanmoins un fin négociateur. Car, même sachant la partie perdue, il a voulu négocier jusqu'à la dernière minute les conditions de son départ. Ce qui a été le plus décisif, c'est sans doute le sentiment qu'il n'avait plus le soutien, ni de son gouvernement, ni de son armée. L'ensemble des ministres ont démissionné la veille, ce qui l'a poussé a dire qu'il dissolvait ledit gouvernement. Et l'image d'un général Ousmane Badjie, chef d'état-major des armées dansant avec les populations pour célébrer l'investiture de Barrow revêt tout un symbole.