Yahya Jammeh est aujourd’hui sur la ligne de mire de la justice ghanéenne. Une cinquantaine de migrants, qui avaient échoué sur les côtes gambiennes, avaient été assassinés, par les «jungular» (milice secrète), sous les ordres du président déchu qui vit en exil en Guinée équatoriale. Accra est en train d'examiner les moyens de l'extrader pour qu’il réponde de ces actes de barbarie perpétrés en 2005.
« La demande d’extradition est actuellement à l’étude. Le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Justice réfléchissent sur la démarche à suivre et sur les implications juridiques et diplomatiques d’une telle procédure. Une fois les rapports rendus, le gouvernement ghanéen sera fixé sur la suite ou non de cette affaire», révèle le journal ghanéen, The DailyGraphic.
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Les autorités ghanéennes «s’engagent à protéger les intérêts de tous les Ghanéens». Toutefois, continue The Daily Graphic, «elles (les autorités ghanéennes) appellent les familles des victimes et les populations à s’armer de patience». Pour rappel, les familles des victimes, avec l’aide de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, avaient sommé le gouvernement d’Accra de diligenter une enquête concernant l’assassinat de 44 migrants ghanéens en Gambie, sous le régime de Yahya Jammeh. Mais, il y avait aussi des Sénégalais, des Nigérians et des Ivoiriens parmi les victimes de cette tuerie.
De simples migrants pris pour des mercenaires
L’Organisation mondiale de défense des droits de l’Homme, «Human Rights Watch», estime que le meurtre de ces migrants africains en Gambie a été commandité par Yahya Jammeh.
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«Dans un premier temps, ces migrants qui faisaient route vers l'Europe, mais qui ont échoué sur les côtes gambiennes, étaient soupçonnés d'être des mercenaires. Ils ont été assassinés après avoir été détenus par les staffs de l'armée de la marine et de la police, c'est-à-dire les associés les plus proches de Yahya Jammeh. Ensuite, ils ont été pris par les Junglers, cet escadron de la mort, et donc ils ont été presque tous assassinés», a expliqué Reed Brody, conseiller juridique à Human Rights Watch.
Des enquêtes menées par Human Rights Watch et Trial International», auprès d’une trentaine d’anciens responsables de la sécurité gambienne, dont 11 officiers directement impliqués dans cette tuerie, ont permis d’établir la vérité.
Ces ex-responsables gambiens soutiennent que les services secrets avaient été avertis de la présence de prétendus mercenaires qui voulaient renverser le régime de Yahya Jammeh. Ils avaient ainsi reçu les ordres de tous les éliminer.