En septembre 2015, le ministère sénégalais du Commerce avait autorisé l’importation de 20.000 tonnes de sucre cristallisé. Ce qui aurait entraîné une mévente du sucre de la CSS et un mécontentement de Jean-Claude Mimran. D’après certaines rumeurs, l’homme d’affaires aurait rencontré le président Macky Sall et menacé de fermer la CSS pour protester contre les importations massives de sucres.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique (du 14 au 27 août), il dit ne pas avoir peur des projets concurrents. "Aujourd’hui si vous voulez faire la CSS il vous faudrait entre 400 et 500 millions d’euros, sur dix ans si vous allez vite. Si quelqu’un s’installe, tant mieux", dit-il. Toutefois, il estime que "les importations c’est une concurrence déloyale".
Pour les GMD, l’autre filiale du groupe, également mise à mal par la concurrence, il réclame des quotas d’importation de blé ou en fonction des capacités de broyage.
Mimran annonce une réorganisation des GMD. "Certains meuniers vont finir par disparaître, parce que la concurrence sur les prix est ridicule". Mais la minoterie va aussi "se développer", ne serait-ce qu’en raison de l’accroissement démographique et des opportunités qui vont se présenter dans les autres pays africains.
Un programme visant à augmenter la production de la CSS à 200.000 tonnes à l’horizon 2020 est aussi en cours pour "doubler" la taille du groupe.
Au final, l’homme d’affaire Corse – il se sent plus Corse que Français – défend une sorte de protectionnisme à la sénégalaise. "Moi, si j’essaie de vendre mon sucre en dehors de l’Afrique, je ne pourrai pas, il y aura des barrières infranchissables. Il n’y a aucune raison qu’un pays ouvre ses frontières si l’autre ne le fait pas".
D’origine juive algérienne par son père et corse par sa mère, Jean-Claude Mimran, homme secret –il s’exprime très rarement dans les médias et les chiffres de son groupe ne sont communiqués qu’au fisc– fait partie des plus influents hommes d’affaires installés au Sénégal.