Vidéo. Corruption: malgré un bon rang africain, le Sénégal toujours en zone rouge

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Le 26/01/2017 à 19h40, mis à jour le 26/01/2017 à 19h58

Vidéo64e pays sur 176 dans l’indice 2016 de perception de la corruption, le Sénégal est toujours classé parmi les pays les plus corrompus de la planète. Totalisant 45 points sur 100 possibles, il avance, certes, d’un point par rapport au classement 2015 où il en affichait 44, mais il reste en zone rouge.

Quand à Dakar, celui qui réalise une démarche administrative s'entend dire "un adulte ne danse pas pour souhaiter sa mort" ou "une calbasse vide ne trompera jamais une chèvre" ou encore "il faut donner le prix de la noix de cola", il doit comprendre qu'il est invité à donner un dessous de table. 

Malgré tous ses efforts en matière de lutte contre la corruption, le Sénégal peine toujours à atteindre la moyenne de 50 sur 100. Il se débat toujours dans la zone rouge où figurent les pays les plus corrompus de la planète. Dans le rapport rendu public ce mercredi 25 janvier, Transparency international classe le Sénégal au 64e rang sur 176 pays, en 2016. Le Sénégal perd trois places, par rapport au classement 2015 dans lequel il occupait la 61e sur 176, malgré l'amélioration de sa note. C'est dire que partout les pays essaient de sortir du lot. 

En Afrique, le Sénégal occupe la 7e place et dans la zone CEDEAO, il se place au 2e rang derrière le Cap-Vert. Il occupe la tête du classement dans la zone UEMOA qui a en commun le Franc CFA.

Corruption, l'Algérie recule de 20 places dans le classement 2016 de Transparency

«Le Sénégal gagne 1 point en 2016 mais se trouve toujours en dessous de la moyenne mondiale c'est-à-dire en zone rouge en matière de corruption», souligne Mame Latyr Fall, coordonnateur du Forum civil à Saint Louis et membre du Conseil d’administration de l’organisme au Sénégal. Selon le rapport, le Botswana, le Cap-Vert, l’Île Maurice, le Rwanda et la Namibie sont les 5 pays africains qui ont dépassé la barre des 50 points sur 100.

«La corruption sape, par le détournement d’une partie des ressources destinées aux investissements, la qualité des politiques économiques et l’efficacité de l’action publique. Ce qui se traduit par une perte d’investissement», note-on dans le rapport 2016.

Le score que les pays réalisent est plus déterminant que le rang qu’ils occupent dans ce classement. En effet, l'indice est établi dans un continuum de 0 à 100. Ainsi le niveau le plus élevé de la corruption est le point 0. Il faudrait alors qu’un pays tende vers le 100 points pour prétendre à son intégrité par rapport à la corruption.

La corruption, une vraie pathologie

La corruption est aujourd'hui un phénomène mondial. Aucun pays de la planète, riche ou pauvre, n'est épargné. Elle est visible à tous les niveaux de la société, aussi bien dans les structures dirigeantes, dans la fonction publique que dans la vie quotidienne. Mais le continent le plus touché reste l’Afrique.

Au Sénégal, le mal a atteint des proportions telles qu’il est devenu chronique. La corruption est fruit d’une pratique qui a fini par se banaliser dans des formules consacrées en langue wolof. La corruption est devenue une véritable institution au Sénégal. Du vigile au magistrat en passant par le policier, personne n’y échappe. Les rares personnes qui font preuve d’intégrité dans leur fonction subissent toutes sortes de pressions sociales ou encore de la part de leurs supérieurs hiérarchiques. Une attitude qui peut même leur coûter un poste de responsabilité.

Afin de lutter contre la corruption, l’Etat sénégalais à mis en place l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Mais cette institution ne pourra accomplir efficacement sa mission que si la politique de deux poids deux mesures, si bien ancrée dans les mœurs, est bannie à tous les niveaux de la société. Or, le népotisme a la vie dure. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 26/01/2017 à 19h40, mis à jour le 26/01/2017 à 19h58