Sénégal: quand l'ANSD publie un chiffre irréaliste correspondant à 750.000 emplois créés en un trimestre

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Le 09/10/2017 à 16h12, mis à jour le 09/10/2017 à 16h17

Au Sénégal, l'Agence nationale de statistique et de la démographie (ANSD) n'arrête pas de jouer avec les chiffres, annonçant chaque trimestre la création ou la perte nette de centaines de milliers d'emplois. En un trimestre le chômage a baissé de 10,2 points, soit 744.000 emplois nets créés.

Au Sénégal, en matière de création d'emplois, on ne sait plus où donner de la tête, tellement les chiffres que fournit l'Agence nationale de statistique et de la démographie (ANSD) donnent le tournis. L'évolution du taux de chômage n'obéit à aucune logique économique. Ce dernier a pris des chffres effarants, entre le 2e trimestre 2016 et le 2e trimestre 2017.

De 20,5% à fin juin 2016, il avait miraculeusement baissé jusqu'à 13,4% au mois de septembre suivant. En mars dernier, quand les chiffres avaient été rendus publics, on avait alors fait remarquer que si l'on travaille sur la base d'hypothèses simples, cela correspondrait à la création de quelque 518.000 emplois nets. Dans un pays comme le Maroc cela aurait correspondu à l'installation de 52 usines similaires à celle de Renault Tanger Med.

Evidemment, un simple bon sens nous pousserait à reconnaitre que l'économie sénégalaise est trop étroite pour pouvoir offrir autant d'emplois à un si grand nombre de chômeurs, en si peu de temps. Il est inutile de rappeler que pour créer ses 10.000 emplois, Renault Tanger-Med a investi, au bas mot, 1 milliard d'euros. Alors, combien en faudrait-il pour créer 52 fois plus d'emplois? 

Quand, aux trimestres suivants, c'est à dire en fin décembre 2016 et en mars 2017, l'ANSD annonce respectivement un taux de chômage de 16,6% puis de 22,7%, tout le monde s'est dit qu'elle s'est rendue compte de son erreur commise quelques mois auparavant et qu'elle va procéder "discrètement" à sa correction. Sauf qu'il n'en est rien. Voilà qu'elle vient encore d'annoncer un taux de chômage de 12,5% durant le deuxième trismestre 2017, après les 22,7% précédemment. Cet écart de 10,2 points est encore plus important que celui qui avait tant attiré l'attention des économistes, puisqu'il correspond à la création de 744.000 emplois! Sur une période aussi courte, c'est du jamais vu dans l'histoire des statistiques pour un pays dont le nombre d'actifs ne dépasse pas 8 millions d'habitants. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 09/10/2017 à 16h12, mis à jour le 09/10/2017 à 16h17