Avant son élection, dans son programme "Yoonu Yokute" (La Voie du Progrès), Macky Sall promettait de créer 500.000 emploi entre 2012 et 2016. A quelques mois des législatives, c'est chose faite. Les chiffres de l'emploi se sont miraculeusement améliorés. Du moins si l'on en croit l’Agence nationale de la statistique et de la démographie dont les chiffres semblent confirmer la création de ces 500.000 emplois en l'espace de trois mois.
En effet, selon le rapport trimestriel de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), publié le vendredi 10 mars 2017, au troisième trimestre 2016, le taux chômage des jeunes Sénégalais âgés de 15 ans et plus, est passé de 20,5% au deuxième trimestre 2016 à quelque 13,4% à fin septembre 2016.
Or, dans un pays qui compte plus de 7,3 millions d'actifs, une telle variation dans les chiffres du chômage correspond à la création de près de 520.000 emplois en trois petits mois seulement. Il s'agirait évidemment d'une chose quasi-miraculeuse si le gouvernement pouvait créer autant d'emplois en si peu de temps.
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Mais au-delà de cette effarante imprécision, le rapport lui-même semble écrit par un néophyte, ou bien par le dernier de la classe de Statistiques. Par exemple, on constate qu'en parlant de la variation du taux de chômage qui passe de 20,5% à 13,4%, les auteurs parlent d'une "baisse de 7,1%". Or, l'unité utilisée pour les variations de taux ou d'indices est plutôt le "point de pourcentage". Dans ce cas de figure, il s'agit d'un recul du taux de chômage de 7,1 points de pourcentage.
Quoi qu'il en soit, ce rapport dédié à l'emploi durant le troisième trimestre 2016 est un ramassis d'imprécisions et d'erreurs qui décrédibilise l'ANSD. Est-ce à cause de l'approche des élections législatives que l'on a droit à de tels chiffres? On est en droit de se poser la question.
Le problème, c'est que dans la presse sénégalaise, aucun journaliste n'a relevé l'erreur. Décidément, au pays de Senghor, le président-poète, on sait peut-être y faire avec la littérature et la politique, mais quand il s'agit d'économie, les confrères donnent leur langue au chat.