Théoriquement, l’aéroport international Léopold Sédar Senghor de Dakar devrait vivre ses dernières rotations, l’ouverture officielle du nouvel aéroport international Blaise Diagne étant prévue pour le 7 décembre. Mais certains travaux non encore livrés risquent de gâcher la fête.
En effet, la direction de l’AIBD n’a toujours pas reçu la certification de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui continue ses vérifications. Une partie des locaux qui doivent accueillir le personnel n’est pas terminée. Quand au mobilier de bureau, il n’est pas encore disponible dans l’enceinte de l’aéroport.
Lire aussi : Sénégal: l'autoroute à péage Diamniadio-Aibd-Sindia inauguré par le président Sall
On apprend que le ministère des Transports aériens a, par l’intermédiaire de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim), entamé les procédures pour l’obtention de cette certification par l’OACI. Mais rien de concret n’a été révélé à ce niveau.
De son côté, le personnel de l’aéroport risque de travailler, lui aussi, dans des conditions non conventionnelles en raison du manque de locaux.
Mais du côté des responsables de l’AIBD, on préfère relativiser. Selon eux, «les salles déjà équipées au niveau du sous-parking pourront abriter le personnel venant de l’ancien aéroport de Dakar».
Idem pour le démarrage de l’aéroport avant l’obtention de la certification. On précise au niveau du ministère que «la certification est un processus qui prend du temps. Les experts passent des enquêtes et des vérifications». Le service de communication du ministère cite, à cet effet, l’exemple de l’aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, pour lequel, dit-t-il, «le processus de certification a duré plus de 3 ans». Il y a également la question de la certification américaine délivrée par la Transportation Security Agency (TSA). D'ailleurs, puisque le ministre évoque Abidjan, il faut rappeler qu'à ce jour, 20 ans après sa mise en service, l'aéroport ivoirien n'est toujours pas relié par un vol direct avec John F. Kennedy de New York. Ce n'est qu'en 2015 qu'il a obtenu la certification TSA mais la mise en oeuvre tarde.
Lire aussi : Depuis 4 décennies, Abidjan attend toujours son premier vol vers New-York
Ces derniers temps, d'autres voix se sont élevées pour regretter la précipitation du gouvernement, qui travaille visiblement sur un retro-planning qui ne tient pas compte de tous les paramètres. Par exemple, l'autoroute qui reliera Diass à Dakar est parsemée de gares de péage. Il faut s'arrêter à trois reprises pour payer d'abord 400 Fcfa, ensuite 1000 Fcfa et enfin 600 Fcfa. Au-delà de la cherté, il se pose naturellement le problème du temps d'attente sur cette ligne de 48 km seulement.
Les populations riveraines ont également manifesté leur mécontentement car elles s'estiment excluent de ce projet dont les retombées en terme d'emploi bénéficieront à d'autres, alors qu'elles héritent des nuisances. La liste des doléances est longue. Il y a deux ans, un décret présidentiel avait notamment déclassifié 304 ha de la fôret classée au profit des agriculteurs dont les terres sont désormais sous l'emprise de l'aéroport. Sauf que cette forêt n'ayant pas été aménagée, elle reste inexploitable par les populations. La question des cimetières qui se trouvent à l'intérieur du nouvel aéroport n'a pas non plus été réglée. Les habitants de plusieurs villages concernés se plaignent de ne pas avoir reçu les 250.000 Fcfa d'indemnisation qui leur avaient été promis.