Diapo. Sénégal: Grève des contrôleurs aériens: des centaines de passagers bloqués

DiaporamaLes avions en provenance et en partance de l’aéroport international Blaise Diagne sont bloqués au sol ou redirigés vers d'autres villes. Les passagers, informés à la dernière minute, sont dans le désarroi.

Le 15/12/2017 à 14h08, mis à jour le 15/12/2017 à 14h12

Vendredi 15 décembre à 3h du matin, les aiguilleurs du ciel du plateau de Diass ont quitté la tour de contrôle de l'aéroport international Blaise Diagne. A peine une semaine après l'inauguration de ce bijou, les contrôleurs aériens protestent auprès de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne (Asecna) qui les emploie contre leurs conditions de travail. Résultat: des centaines de passagers sont bloqués et livrés à eux-mêmes sans aucune information. Ils ont passé la nuit sur le sol en marbre de l'immense hall, certains préférant ne pas quitter l'aéroport situé à 45 kilomètres de Dakar. 

A la veille de l'inauguration précipitée du nouvel aéroport, les contrôleurs aériens sénégalais avaient menacé de faire grève. Leurs revendications n'ayant pas été satisfaites, ils ont mis leurs menaces à exécution. 

Cette paralysation entraîne des retards et des blocages dans des aéroports desservis par Blaise Diagne. A l'aéroport de Casablanca, à partir duquel la Royal Air Maroc dessert Dakar avec trois vos quotidiens, les passagers s'impatientent. Le post de Thione Niang, l'associé du chanteur Akon, l'illustre bien. Il explique que peu de temps après le décollage pour Dakar, l'avion a été obligé de faire demi-tour pour revenir à Casablanca. 

Chers amis, Après mon discours à Marrakech, je me suis rapidement rendu à l’aeroport pour rejoindre Dakar, pour...

Posted by Thione Niang on Thursday, December 14, 2017

Par sa position géographique, le Sénégal a été choisi par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) comme Région d’information de vol (FIR- Fligth information Region) qui est un espace aérien de souveraineté internationale. Tous les avions en provenance de l’Amérique vers l’Europe ou l'inverse qui passent par cet espace aérien payent une redevance à l’Asecna. Le Sénégal produit ainsi plus de 70% des recettes de cet Agence qui compte 17 pays.

Malgré cette importante manne financière, les employés de l’Asecna basés au Sénégal ont des salaires plus bas que ceux de leurs collègues des autres pays, alors qu'ils abattent la majeure partie du travail de l'agence. En effet, ces salaires sont indexés sur la situation politique des pays membres. En d’autres termes, plus le pays est stable, moins les salaires sont élevés. Ainsi, les travailleurs de l’Agence qui vivent au Sénégal, un pays politiquement stable, sont les moins bien payés.

A cette injustice s’ajoute le fait que dans les autres pays membres, les bâtiments administratifs et les logements de fonction sont construit par l’Asecna. Mais au Sénégal, l’Etat a été obligé de débourser 3 milliards de francs CFA (450 millions d’euros) pour acquérir un bâtiment administratif et 54 logements d’astreinte dans la ville de Diass.

Pire encore, l’Asecna a opposé un refus à la revendication des travailleurs liée à la prise en charge des dépenses induites par le transfert des activités aéroportuaires de Léopold Sédar Senghor à l’AIBD.

Pour protester, les contrôleurs aériens ont entamé une grève de 24 heures le vendredi 14 décembre à minuit. Selon nos sources, des négociations seraient en cours à l’initiative du Premier ministre sénégalais, Mahammad Boun Abdallah Dionne, qui tenterait d’arrondir les angles entre l’Asecna et les contrôleurs aériens.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 15/12/2017 à 14h08, mis à jour le 15/12/2017 à 14h12