Sénégal: une réforme qui donne 15 députés aux expatriés

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Le 02/01/2017 à 15h12, mis à jour le 02/01/2017 à 15h49

L’Assemblée nationale examine un projet de loi visant à faire passer le nombre de députés de 150 à 165, dont 15 pour la diaspora. Une mesure dénoncée par l’opposition. Mais d'ores et déjà, certains pays affichent leur chance d'avoir leur député.

Peut-être bien que les Sénégalais du Maroc auront leur représentant à l'Assemblée nationale, de même que ceux résidant en France, aux Etats-Unis ou en Italie? En effet, les députés examinent, à partir de ce matin, un projet de loi portant sur la révision du code électoral. Le texte prévoit aussi l’augmentation du nombre de députés qui devrait passer de 150 à 175 afin de matérialiser un des dispositifs de la dernière révision constitutionnelle. D'ores et déjà, les Sénégalais ont pris leur calculette pour voir quels sont les pays où l'existence d'une forte communauté rend probable l'élection d'un expatrié qui y réside. En Afrique, les regards se tournent vers le Maroc où vivent jusqu'à 50.000 Sénégalais selon les chiffes que fournit l'Association qui les représentent. En Europe, ils seraient plus de 300.000 Sénégalais établis dans l'Hexagone, alors que l'Italie compterait quelque 81.000 électeurs potentiels pour les prochaines législatives de 2017. 

Si la coalition au pouvoir y voit une avancée, cette décision est vivement contestée par l’opposition. «Nous avons toujours dit que 150 députés suffisent largement. Nous avons aussi dit que nous sommes d’accord pour qu’on affecte des députés à la diaspora, mais que ceux-ci soient compris dans les 150 que compte actuellement l’Assemblée nationale», explique Déthié Fall, membre de «Mankoo Wattu Sénégal», une coalition regroupant plusieurs partis de l’opposition, dont Rewmi d’Idrissa Seck et le PDS d’Abdoulaye Wade.

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La majorité avait d’abord évoqué 10 députés pour la diaspora, ce qui porterait la composition du Parlement à 160 députés, mais elle a décidé de porter ce nombre à 15, ce qui ferait 165 députés au total.

L’autre point d’achoppement entre majorité et opposition concerne le découpage de la diaspora. «Lors des discussions pour la revue du code électoral, nous avions retenu d’ériger la diaspora en quatre département (Afrique, Europe, Amérique-Océanie et Asie/Moyen-Orient). Mais dans le projet de loi soumis au Parlement il y a huit départements: quatre en Afrique, deux en Europe, un en Amérique-Océanie et un autre en Asie/Moyen-Orient», dénonce Déthié Fall.

Une décision loin de faire l’unanimité, au moment où beaucoup de Sénégalais s’interrogent sur l’utilité réelle de l’Assemblée nationale, perçue comme une «caisse de résonance» de l’Exécutif. Entre absentéisme, manque de maîtrise des dossiers par certains députés, cette présente législature, qui se voulait pourtant de «rupture», n’a pas véritablement rehaussé l’image de l’Assemblée aux yeux de l’opinion.

D’où le sentiment de l’opposition, et de beaucoup de Sénégalais, que l’argent servant à la prise en charge de ces 15 députés supplémentaires pouvait être affecté à d’autres priorités (santé, éducation, emploi des jeunes, etc.).

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 02/01/2017 à 15h12, mis à jour le 02/01/2017 à 15h49