Sénégal: l'avortement légalisé divise mais les femmes juristes mettent la pression

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Le 04/02/2017 à 19h03, mis à jour le 04/02/2017 à 19h08

Au moins 25 cas d'incestes suivi de grossesses ont été enregistrés durant les 11 premiers mois de l'année 2016 au Sénégal. Seulement jusqu'à présent l'avortement est puni par la loi. Les femmes juristes sont toutes griffes dehors pour faire changer la législation.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre janvier et novembre 2016, plus de 250 cas de viol sur des filles de 3 à 18 ans ont été dénombrés, dont 52 suivis de grossesse.

Pire encore, 25 de ces grossesses sont des cas d’inceste. Suffisant pour que l’Association des femmes juristes du Sénégal monte au créneau. Cette fois-ci, pas pour simplement dénoncer mais pour militer en faveur d’une légalisation de l’avortement médicalisé. «La situation est grave», alerte Madame Fanta Ndiaye Gueye, présidente de l’association.

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Ainsi invite-t-elle «l’Etat sénégalais à reconsidérer sa position et à prendre les mesures idoines pour la légalisation, sans attendre, de l’avortement médicalisé ». Fanta Ndiaye Gueye insiste également sur la gravité des séquelles que laissent les viols sur les victimes. Depuis2014, l’Etat du Sénégal a ratifié le protocole de Maputoqui qui en son article 14 autorise l’avortement médicalisé. Mais à cause des tergiversations de l’Etat, de nombreuses femmes et filles dont la seule faute est de vouloir se défaire d’une grossesse issue d’un viol, se trouvent sous les verrous.

L’Association des femmes juristes du Sénégal montre ainsi sa détermination à sensibiliser toute la société pour qu’elle adhère à sa cause. Cependant, le chemin vers la légalisation de l’avortement médicalisé semble long.

Les Oulémas et de l’Église contre l’avortement médicalisé

La bataille pour la légalisation de l’avortement médicalisé ne semble pas gagnée d’avance. En effet, 94% de la population sénégalaise est de confession musulmane. Les 6% restant sont quasi composés de chrétiens. Or, l’Islam et le christianisme bannissent l’avortement.

Interpellée sur l’avortement médicalisé, au cour de son assemblée générale annuelle, la ligue de Oulémas (RABIRA), à la tête de laquelle se trouve Thierno Madani Tall, petit-fils El Hadji Oumar Tall, initiateur de la Tijania en Afrique de l’Ouest, avertit l’Assemblée nationale qui tenterait de voter une loi sur l’avortement. «Comme l’a banni l’Islam, excepté pour préserver la santé maternelle, la RABITA est contre l’avortement médicalisé», ont répondu les Oulémas.

Ils ont en outre salué la décision du Président Trump d’enlever tout financement à ce genre de pratique. «Une telle attitude devrait être celle de musulmans», a souligné Thierno Madani Tall.

Dans la même veine que leurs frères musulmans, les prêtres sénégalais sont eux aussi contre l’avortement médicalisé et contre la contraception. «Ces deux pratique consistent à ôter des vies humaines, ce que l’Église n’admet absolument pas», a rappelé Abbé Alfred Sarr

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 04/02/2017 à 19h03, mis à jour le 04/02/2017 à 19h08