Sénégal: le parti d’Abdoulaye Wade continue son harakiri

Avec l'exclusion de Farba Senghor et de Pape Samba Mboup, le PDS se sépare de ses deux "garde-fous"

Avec l'exclusion de Farba Senghor et de Pape Samba Mboup, le PDS se sépare de ses deux garde-fous. DR/

Le 29/03/2017 à 09h00, mis à jour le 29/03/2017 à 18h32

Situation cataclysmique au Parti Démocratique Sénégalais (PDS). En l’absence du père Abdoulaye Wade, les fils sont en perpétuelle querelle. Farba Senghor et Pape Samba Mboup qui viennent d’être exclus, ont payé leur liberté de ton.

Après la guerre de leadership entre Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall au Parti socialiste (PS), c’est au tour du Parti démocratique sénégalais (PDS) de s’illustrer négativement en excluant Farba Senghor et Pape Samba Mboup. Ces deux inconditionnels d’Abdoulaye Wade payent ainsi leur virulence à l'égard de Karim Wade, le fils du fondateur du PDS, qu’ils accusent d’être à l’origine de tous les déboires du parti. Avec ces deux exclusions, le PDS continue sa descente aux enfers à quelques mois des législatives prévues le 30 juillet 2017.

C’est à croire que le sort s’acharne sur le Parti démocratique sénégalais. Le secrétariat national, réuni sous la direction d’Omar Sarr, secrétaire général adjoint vient d’exclure Farba Senghor, chargé de la propagande du parti et Pape Samba Mboup, ancien chargé de cabinet du président Abdoulaye Wade, ce lundi 27 mars 2017. Ainsi, «après avoir entendu un important rapport du secrétaire général national adjoint sur les actes d’indiscipline des frères Pape Samba Mboup et Farba Senghor, étant donnée l’urgence et en application des statuts du parti, après avoir délibéré, le secrétariat national décide l’exclusion définitive de Pape Samba Mboup et Farba Senghor», note-t-on dans le communiqué du PDS. «La présente décision prend effet immédiatement et le bureau politique en sera informé conformément aux statuts», est-il ajouté.

Cette décision est motivée par les déclarations de Farba Senghor qui, depuis la perte du pouvoir par le PDS en 2012, fustige la mainmise de Karim Wade sur le parti. Parlant de Karim Wade, l’ex-secrétaire en charge de la propagande affirme que «c’est une personne méchante que les Sénégalais découvriront petit à petit». Ce jugement de valeur que Farba Senghor fait à l’endroit de l’héritier de son mentor traduit sa colère après son exclusion du PDS. «Je sais que c’est (Abdoulaye Wade, ndlr), un homme généreux, mais il est maintenant vieux. Le problème c’est son fils. Karim Wade est à l’origine des problèmes du Sénégal et du PDS», a-t-il continué. Parce que, dit-il, en 2009 quand il a voulu prendre le contrôle de L’Etat et du parti, il a tout chamboulé. Il a fait écarter les hauts responsables du PDS pour installer des gens qui sortaient de nulle part et qui n’ont aucune compétence».

La descente aux enfers du Parti démocratique sénégalais

Depuis la chute du PDS en 2012 et l’éloignement de maître Abdoulaye Wade, le parti a entamé une descente aux enfers. L’arrestation de Karim Wade et les guerres de positionnement au sein du parti ont aussi exacerbé les tensions entre les militants.

D’un côté, les partisans de Karim dirigés par Oumar Sarr, soutenu par Amadou Sall, et de l’autre côté, Aïda Mbodj, Mamadou Lamine Massaly, Farba Senghor et Pape Samba Mboup. Toutefois, avec son statut de fils du fondateur du parti, Karim Wade pense être l’héritier légitime de son père. Aussi, son emprisonnement aidant, «il a gagné en popularité et en légitimité», a soutenu Babacar Gaye. «Macky Sall a fait de Karim Wade son principal adversaire», a-t-il continué.

Cependant, ce point n’a jamais été partagé par Farba Senghor, Aïda Mbodj et Pape Samba Mboup. Contrairement à l’attente des Sénégalais, ce dernier a affiché un calme olympien à la suite de leur exclusion. «On m’a sauvé d’un camion fou, sans frein qui va inéluctablement dans le décor», a-t-il ironiquement déclaré. Toutefois, «des mauvaises langues sont allées dire à Wade que Farba Senghor et moi sommes à la merci de Macky Sall, mais leur réelle volonté est de diviser pour mieux régner », a-t-il soutenu. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 29/03/2017 à 09h00, mis à jour le 29/03/2017 à 18h32