Sénégal. Me Sidiki Kaba, l'ex-président de la FIDH devient honteusement bourreau des magistrats

Audition du juge Souleymane Téliko: Macky dit stop à Sidiki Kaba

Audition du juge Souleymane Téliko: Macky dit stop à Sidiki Kaba. DR/

Le 20/04/2017 à 07h35, mis à jour le 20/04/2017 à 07h37

Il a fallu que le Président Macky Sall oppose son veto à maitre Sidiki Kaba, pour qu'un juge n'ait pas à répondre à la convocation du ministre de la Justice. L'ex-défenseur des droits de l'homme et actuel Garde des sceaux, Sidiki Kaba, commence à mettre mal à l’aise Macky Sall.

Maître Sidiki Kaba a, semble-t-il, une dent contre les magistrats. Ou bien, déjà corrompu par les douceurs du pouvoir, il ne pense plus qu'à préserver les faveurs que lui procure son maroquin. Après les griefs faits au juge Ibrahima Hamidou Dème suite à sa démission et sa lettre adressée au Président Macky Sall, le Garde des Sceaux est en proie aux critiques les plus acerbes. La convocation du Juge Souleymane Télico au Conseil de discipline est le geste de trop qui a obligé le chef de l’Etat à sortir de sa réserve.En effet, pour une simple lettre adressée à ses pairs magistrats, sur le mode de fonctionnement des consultations à domicile, le juge Souleymane Téliko est convoqué au Conseil de discipline. Mais cette convocation n’a pas plu au locataire du Palais de l'avenue Roume qui n’a pas tardé à sévir contre le ministre de la Justice.

On ne peut pas gouverner un pays en maintenant continuellement une tension entre l'exécutif et les magistrats, représentants du pouvoir judicaire et indispensables à toute nation. C’est semble-t-il la leçon de séparation des pouvoirs que vient de donner Macky Sall à Me Sidiki Kaba, qui était il y a quelques années encore un chantre des droits de l'homme à l'échelle mondiale. En effet, de 2001 à 2013, c'est lui qui a été à la tête de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), premier africain à occuper ce poste dans l'histoire. C'est pourquoi son attitude très va-t-en guerre contre les magistrats qui dénoncent l'instrumentalisation de la justice sénégalaise par l'exécutif est vivement critiquée. 

Pourquoi a-t-il fallu en arrivé au point où, le chef de l’exécutif, lui-même, désamorce la bombe à retardement entre l’Etat et le juge Souleymane Télico? Ce dernier commençait d'ailleurs à perdre le soutien des autres magistrats qui ne se sentaient plus à l’abri.

Maitre Sidiki Kaba n’avait, semble-t-il, même pas pris le soin d’informer le Président Macky Sall qui, en plus d’être le chef de l’Etat, est le président du Conseil supérieur de la magistrature.Pour rappel, le juge Souleymane Télico, Conseiller à la Cour d’appel de Thiès, avait envoyé un mail à ses collègues magistrats pour les informer sur comment fonctionnent les consultations à domicile. «En ma qualité de membre du Conseil supérieur de la magistrature, je tiens à vous informer des mesures d’affection suivantes intervenues par consultation à domicile de certains magistrats qui ont été affectés en citant des noms de juges», avait-il écrit.«Cette procédure ne peut être utilisée qu’en cas d’urgence. Or dans le projet, qui nous a été soumis, il n’a pas été fait mention d’aucun élément de nature à caractériser cette urgence. Je suis au regret de constater qu’en dépit de toutes les protestations la carrière des magistrats continue à être gérée avec beaucoup de désinvolture», avait dénoncé le juge Souleymane Télico.Mais ce mail avait irrité Sidiki Kaba. Le Garde des Sceaux qui l’avait assimilé à une violation des obligations déontologiques. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/04/2017 à 07h35, mis à jour le 20/04/2017 à 07h37