Après les griefs portés à l’encontre du juge Hamidou Dème, la tentative avortée de maître Sidiki Kaba, garde des Sceaux, de traduire le juge Souleymane Téliko en conseil de discipline, la réunion du Conseil supérieur de la magistrature a enfin eu lieu.
En sa qualité de président de cette instance majeure du système judiciaire, Macky Sall, le chef de l'Etat sénégalais, renforce la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et l’Agent judiciaire de l’Etat (AJE). Le procureur de la République et le Doyen des juges bénéficient d’une promotion ainsi que le Juge Souleymane Téliko qui devient magistrat hors hiérarchie. Le Conseil a également signé la fin des Chambres africaines extraordinaires qui sont actuellement en train de juger l'ex-président tchadien, Hissène Habré.
La tension entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire semble être un mauvais souvenir. Ainsi, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) s’est-il tenu mardi dernier dans une «ambiance cordiale et en toute transparence», affirme un juge qui y a pris part. A l’occasion de cette réunion, 61 magistrats ont accédé au grade de magistrat hors hiérarchie. Cette décision était prise par le garde des Sceaux après son courrier adressé à ses collègues sur les audiences à domicile.
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Le Conseil supérieur de la magistrature a également parafé la fin des Chambres africaines extraordinaires (Cam) alors que le verdict en appel du procès Hissein Habré était attendu ce jeudi 27 avril 2017.
Ainsi, précédemment administrateur des Chambres africaines extraordinaires, Ciré Aly Bâ est-il nommé Procureur général près la cour d’appel de Saint Louis. Occupant le poste de procureur général près les Chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall devient conseiller à la Cour suprême de même que Matar Ndiaye. Cependant Moustapha Ka va siéger à l’Administration centrale du ministère de la Justice.
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Toutefois, quelques nominations ont été faites dans le but «de faciliter l’accès à la justice aux populations de certaines localités de l’intérieur du Sénégal». Ainsi les tribunaux de grande instance de Kédougou et de Sédhiou vont désormais mieux fonctionner ainsi que les tribunaux d’instance de Saraya, Salémata et Kougheul.
Malgré ces décisions qui vont quelque peu dans le sens de la réconciliation entre l’Exécutif et la justice, les critiques fusent sur les réseaux sociaux. «Pour la réhabilitation de magistrat, un coup de publicité pour se mettre la magistrature dans les rangs. Cela s’appelle de la corruption de magistrat», affirme un lecteur sur le forum de Seneweb, le plus suivi au pays de la Teranga. «Son ministre de la Justice, pris complètement de contre-pied, devrait démissionner ou ne plus faire partie du prochain gouvernement. Revers lourd et grande contradiction entre lui et son Président qui, cette fois-ci, avec sagesse, clairvoyance, intelligence, a bien manœuvré», lui rétorque un autre.
Certains posts sur la Toile semblent venir directement de juges bien introduits et au fait des enjeux des nominations. C'est le cas de celui-ci qui dit: "Je croyais que Ibrahima Bakhoum était radié du corps pour fait de corruption active et flagrante. "Thiey" ce pays!". A quoi répond un internaute qui semble être également de la profession et qui connaît personnellement l'auteur anonyme du précédent post: "Toi, je te plains, le jour où tu trébuches, il ne va pas te rater". L'allusion au président Macky Sall, chef de l'Exécutif et seul capable de changer le destin d'un juge au Sénégal, est à peine voilée.