Sénégal: pléthore de listes aux législatives 2017 et débat sur le "bulletin unique"

DR

Le 14/06/2017 à 12h37, mis à jour le 14/06/2017 à 12h39

47 listes de coalitions et de partis politiques retenues. 150 millions de francs CFA pour l’impression de chaque liste électorale. Les législatives 2017 s'annoncent comme les élections les plus onéreuses de l’histoire du Sénégal.

Dans la perspective des législatives du 30 juillet 2017, 47 listes de coalitions et partis politiques ont été validées par le ministère de l’Intérieur.

Ainsi, le Sénégal s’achemine-t-il vers les élections les plus coûteuses de son histoire, car pour l’impression de chacune des 47 listes, l’Etat devra débourser la somme de 150 millions de francs CFA (soit 225.500 euros). Le processus du vote sera quant à lui considérablement allongé si chaque citoyen doit prendre 47 listes imprimées avant de faire son choix dans l'isoloir. Cette perspective fait envisager à certains la solution d'un «bulletin unique».

Chez les citoyens, les candidats indépendants et certains leaders de partis, les réactions ne manquent pas. Le premier à s’illustrer sur cette question est le leader du Pastef les patriotes. Selon Ousmane Sonko, «le bulletin unique favorise l’allègement de l’identification de l’électeur au niveau du bureau de vote». L’autre avantage du «bulletin unique est qu’il réduit considérablement le coût économique de l’organisation des élections». «Le bulletin unique qui règle un bon nombre de problèmes liés à l'élection a été rejeté par le président Macky Sall. Et pourtant cela allègerait à la fois les lourdeurs du scrutin pour les électeurs et les charges économiques liées à l'impression des bulletins de vote. Cela empêcherait aussi l'achat des consciences aux abords des centres de vote», a-t-il fait savoir.

Nombre de Sénégalais ont emboîté le pas au leader du Pastef les patriotes. Ils préconisent l’adoption du bulletin unique ou la réduction du nombre de partis politiques.

255 partis dans un pays de 15 millions de personnes

Cette position est partagée par la professeure Penda Mbow qui a du mal à contenir sa «déception face à la pléthore de listes et de partis politiques aux législatives du 30 juillet 2017». «Jusque là, le Sénégal était connu pour la profondeur de sa démocratie. Le pays doit en partie sa stabilité, à la générosité et à l’engagement des premiers hommes politiques», a-t-elle nostalgiquement rappelé.

Malheureusement, beaucoup de maux gangrènent le champ politique sénégalais d’aujourd’hui. «S’il y a autant de partis politiques c’est parce notre démocratie est vraiment malade», a-t-elle regretté.

Et une lecture du terrain politique sénégalais semble lui donner raison. A titre de comparaison, le Sénégal, un pays qui fait à peine 15 millions d’âmes compte aujourd’hui 255 partis politiques, tandis que, les Etats-Unis avec ses 351 millions de personnes, n’en compte que 25. Et non loin de chez nous, le Nigeria ne compte que 31 partis politiques malgré une population de plus de 193 millions de personnes.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/06/2017 à 12h37, mis à jour le 14/06/2017 à 12h39