Sénégal. législatives 2017: Macky Sall a du souci à se faire

Les législatives du 30 juillet, une élection test pour Macky Sall

Les législatives du 30 juillet, une élection test pour Macky Sall. DR/

Le 20/06/2017 à 11h05, mis à jour le 20/06/2017 à 11h44

Entre querelles de positionnement et frustrations à la suite des investitures, la coalition Bennoo Bokk Yakaar dirigée par l’Apr, le parti de Macky Sall traverse une mauvaise passe. Une victoire aux élections législatives du mois prochain reste encore incertaine.

A 40 jours des élections législatives du 30 juillet 2017, les querelles internes minent l’Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall. Pendant ce temps, un autre front qui nécessite de calmer les ardeurs des responsables et militants des principaux partis alliés de l’APR, s’est ouvert.

Des frustrations dans le camp présidentiel

Suite aux investitures pour les législatives du 30 juillet 2017 où Macky Sall a fait main basse sur la quasi-totalité des postes de députés à pourvoir, des voix ne cessent de s’élever pour protester contre cette politique autoritaire du président. Au niveau de l’AFP, du PP, de la LD/MPT et même de l’URD, les principaux partis politiques alliés de l’APR, les militants manifestent leur mécontentement contre Macky Sall.

Au-delà de l’Alliance pour la république (APR), qu’il a du mal à contrôler malgré ses différentes mises en garde et ses menaces sans cesse répétées, Macky Sall doit également à gérer les frustrations de ses principaux alliés après les investitures. L’autre inquiétude dans le camp présidentiel vient du fait que le chef de la mouvance présidentielle ne peut plus compter sur ces mêmes alliés qui sont en perte de vitesse depuis leur décision d’aller aux prochaines législatives sous la bannière "Bennoo Bokk Yakaar".

Avec la décision de Khalifa Sall, Barthelémy Diaz et Bamba Fall d’aller aux élections avec leur propre liste, le Parti socialiste d’Ousmane Tanor Dieng, le président du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT), est visiblement affaibli. Respectivement maires de Dakar, de Mermoz-Sacré cœur et de la Médina, ces trois responsables du parti socialiste s’activent pour asséner, une fois de plus, une défaite à la coalition présidentielle.

S’agissant des autres alliés de l’APR, comme l’Alliance des forces du progrès (AFP) de Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale, du parti de l’indépendance et du travail (PIT) et de la LD/MPT, leur poids électoral a considérablement baissé.

A la lecture de la situation politique, Bennoo Bokk Yakaar n’est plus ce qu’il était en 2012 et ne peut plus être considéré comme une soupape de sécurité pour l’APR et son leader. Macky Sall paraît seul dans son combat contre l’opposition sénégalaise. L’histoire politique récente a démontré qu’au Sénégal, aucun parti politique ne peut plus gagner seul des élections. Dès lors, il faudra batailler très dur dans le camp présidentiel pour espérer renouveler sa majorité au soir du 30 juillet 2017.

L’opposition sur le pied de guerre.

Du côté de l’opposition sénégalaise, on entend exploiter cette situation de mésentente qui semble être le talon d’Achille du camp présidentiel. Les adversaires de Macky Sall comme maître Abdoulaye Wade, Khalifa Sall, Idrissa Seck et les autres, ont fourbi leurs armes pour gagner les élections législatives du 30 juillet 2017 et ainsi imposer au président une cohabitation. Une telle éventualité permettra à l’opposition de mieux préparer les élections présidentielles de 2019.

Selon Mamadou Diagne Fada du parti Les démocrates réformateurs ( « Yeessal » (LDR/Yeessal), «si l’opposition remporte les législatives de 2017, 2019 ne sera qu’une promenade de santé». Il faut reconnaitre qu’en cas de défaite aux législatives de 2017, Macky Sall et ses alliés de Bennoo Bokk Yakaar se relèveront difficilement en 2019, car tous les pouvoirs qui ont été défaits au Sénégal avaient perdu soit des élections locales, soit des élections législatives. Et la défaite du Parti démocratique sénégalais (PDS) aux élections locales de 2009 est là pour le prouver. Cette défaite avait précédé la débâcle de maître Abdoulaye Wade aux présidentielles de 2012. Le président Macky Sall a donc du souci à se faire pour les législatives du 30 juillet 2017.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/06/2017 à 11h05, mis à jour le 20/06/2017 à 11h44