Sénégal. Bilan des législatives: le PUR bombe le torse, le reste de l’opposition fait profil bas

Le "PUR" qui réclame le statut de chef de l'opposition

Le PUR qui réclame le statut de chef de l'opposition. DR/

Le 09/08/2017 à 11h06, mis à jour le 10/08/2017 à 09h18

Les résultats après recours ne sont pas encore connus, mais la division de l’opposition lors des législatives a largement profité au pouvoir qui a obtenu 125 des 165 sièges de députés. Pendant ce temps, le parti PUR, proche des tidjanes, réclame un statut de chef de file de l'opposition.

L’heure des bilans a sonné après les législatives du 30 juillet 2017. Galvanisé par sa 4e position, le Parti de l’unité et du rassemblement (PUR) s’autoproclame 1er parti du Sénégal. Son leader ne cesse de dire que tous les autres qui l'ont devancé sont des coalitions de partis, alors lui est parti seul. Le reste de l'opposition rumine sa défaite avec regret, notamment les deux coalitions dont les têtes de liste étaient Khalifa Sall, maire de Dakar et Abdoulaye Wade, ex-président du Sénégal. 

Il est clair qu'avec ce scrutin du 30 juillet 2017, le Sénégal vient de connaître les élections les plus controversées de son histoire à cause des multiples irrégularités constatées. Dans ce contexte, le PUR, qui est allé seul, revigoré par sa 4e place et ses 3 députés, analyse les résultats en prenant quelquefois des racourcis.

Au cours de la conférence de presse tenue, ce lundi 7 août, par ses dirigeants, le professeur Issa Sall, coordonnateur du parti a fait un calcul arithmétique de la répartition des députés. «Au niveau de notre parti, nous avons 3 députés. Prenez la coalition BBY, qui regroupe 47 partis, avec 125 députés, il suffit de diviser 125 par 47, vous allez donner à chaque parti 2,6 députés. Ce qui est inférieur mathématiquement à 3. Donc nous avons plus de députés que chaque parti de BBY», a-t-il soutenu. Il s'agit d'une moyenne théorique puisque dans les faits, l'APR compte plusieurs dizaines de députés, parmi les 125 que compte la coalition Bennoo Bokk Yakkar (BBY).

De même, le Parti socialiste (PS) s'est-il vu attribuer une quinzaine de députés, dont ceux du département de Rufisque, alors que l'Alliance des forces du progrès de Moustapha Niasse compte 6 députés. Au niveau de l'opposition, le Parti démocratique sénégalais d'Abdoulaye Wade (PDS) compte bien plus de la moitié des 20 députés de la Coalition gagnante. 

A contrario, même s'il a trois députés grâce à la répartition des 60 élus au niveau national, le PUR n'a gagné aucun département. Il n'est donc pas tout à fait pertinent d'annoncer un nombre moyen de députés et de se déclarer de facto, premier parti politique sénégalais, voir premier parti de l'opposition. 

Quoi qu'il en soit, selon Elhadj Issa Sall, Le PUR qui s’était fixé comme objectif de se redynamiser pour mieux jouer son rôle de régulateur dans l’espace public, a réussi la prouesse d’offrir aux Sénégalais une autre voix, une autre issue… une autre façon de faire et d’être par rapport aux politiques politiciennes et querelles de bas étage auxquelles les ont malheureusement habituées ceux qui font office de figures politiques dans notre cher pays».

Par ailleurs, le coordonnateur du PUR est aussi revenu sur les irrégularités qui ont entaché les élections du 30 juillet 2017. Il parle ainsi «d’innombrables dysfonctionnements», comme l’ont constaté les Sénégalais, dans leur majorité.

L’opposition perdue par sa dispersion

Perdues par leur désunion, les coalitions de l’opposition font un bilan négatif de leur participation au denier scrutin législatif et tirent une leçon de leur défaite.

En prenant le risque d’aller aux élections législatives, en rangs dispersés, l’opposition sénégalaise courait le risque de perdre les élections législatives. C’est finalement ce qui s’est produit avec la victoire mitigée de «Bennoo Bokk Yakaar» qui, selon les résultats provisoires, avec seulement 49% des suffrages exprimés, s'est accaparé 125 députés sur 165, soit 75,75% des représentants du peuple sénégalais. Une simple alliance entre les deux principales coalitions de l'opposition leur aurait permis d'avoir jusqu'à une quarantaine de députés supplémentaires. 

Selon Idrissa Seck, président du parti Rewmi qui faisait partie de la coalition Manko Taxawu Senegaal, avec comme tête de liste Khalifa Sall, «il y a certainement la machine de la fraude du camp présidentiel, mais il y a notre responsabilité puisque celle d’un leader, c’est d’évaluer une situation et de hiérarchiser les priorités».

Et pourtant, dit-il, «j’avais attitré l’attention de tout le monde sur la vanité, la stupidité des querelles de leadership au sujet de la tête de liste. Dès le départ, j’ai dit, moi, je ne voulais pas, pour faciliter les choses, parce que l’important c’était l’unité pour garantir la victoire».

Il convient de rappeler que d’après les résultats provisoires publiés, Manko Taxawu Senegaal n’aura que 7 représentants dans cette 13e législature sénégalaise.

Bien qu'elle ait eu 17 députés, l’autre grand perdant des élections législatives est la coalition gagnante Wattu Senegaal dirigée par l’ex-président Abdoulaye Wade. Son grand regret est le même que Manko Taxawu Senegaal, puisqu'une simple coalition lui aurait permis de doubler son score. 

En tirant les leçons de son échec en réussissant à s’unir autour d’un seul candidat aux élections présidentielles qui auront lieu en 2019, l’opposition sénégalaise pourrait donner du fil à retordre à Macky Sall, qui sera sûrement le candidat de la coalition Bennoo Bokk Yakaar.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 09/08/2017 à 11h06, mis à jour le 10/08/2017 à 09h18