Sénégal. Législatives 2017: "Y en a marre" et la société civile saisissent la CEDEAO

Y'en a marre

Y'en a marre. DR/

Le 20/08/2017 à 10h39, mis à jour le 20/08/2017 à 10h41

50 milliards de francs CFA ont été dépensés dans l'élaboration des cartes d’identité biométriques pour qu'au final plus d’un million de Sénégalais ne votent pas. Le mouvement «Y en a marre», la Raddho et Amnesty International déposent une plainte «citoyenne» contre l'Etat à la CEDEAO.

Après les nombreuses irrégularités qui ont entaché le scrutin du 30 juillet 2017, faisant de ces élections les plus mal organisées de l’histoire du Sénégal, la société civile se dresse en avocats des citoyens sénégalais.

Le mouvement «Y en a marre», la branche sénégalaise d’Amnesty International, la Rencontre africaine de défense des droits de l’Homme (Raddho) et d’autres organisations de la société civile déposent une plainte «citoyenne» contre l’Etat du Sénégal auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils dénoncent la faillite de l’Etat dans sa mission de garantir à chaque citoyen sénégalais son «droit constitutionnel» de voter.

Dans cette plainte adressée à la CEDEAO, la société civile sénégalaise essaie de « permettre aux citoyens sénégalais, qui se sont sentis lésés, empêchés d’accomplir leur droit civique de vote, de saisir cette instance juridique pour une reconnaissance du préjudice causé par l’Etat du Sénégal», a précisé Alioune Sané, membre du mouvement «Y en a marre». Selon lui, «un pool d’avocats s’est constitué pour porter ce contentieux citoyen». Ils vont demander pour tous les citoyens privés de leur droit de vote, «un dédommagement» de la part de l’Etat.

A l’instar de tous les citoyens qui n’ont pas été satisfaits de l’organisation des législatives du 30 juillet dernier, Alioune Sané estime que pareille situation ne devrait plus se produire au Sénégal, un pays dont la démocratie a été toujours louée.

«Cette plainte ouvre une nouvelle ère dans l'histoire de nos organisations qui ne s'intéresseront plus uniquement qu'aux questions de veille, mais mèneront désormais si nécessaire des actions contraignantes contre l'État pour un respect des droits humains et civiques au Sénégal, et un renforcement de notre chère démocratie", a-t-il conclu.

Il convient de rappeler que, faute de recevoir leurs cartes d’identité biométrique combinées à leur carte de vote, plus d’un million de Sénégalais n’ont pas pu voter aux élections législatives du 30 juillet 2017.

Sur 5.501.667 personnes régulièrement inscrites sur les listes électorales, «plus d’un million de Sénégalais n’ont pas pus récupérer leurs cartes d’identité biométriques». Pire encore, des citoyens détenteurs de leur carte d’identité n’ont pas trouvé leurs noms sur les listes électorales. Ce chiffre représente plus de 20% du nombre d’inscrits. Malheureusement, aucune explication valable n’a été donnée par le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, en charge de l’organisation des élections.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/08/2017 à 10h39, mis à jour le 20/08/2017 à 10h41