Sénégal: l'ex-président Wade démissionne du Parlement et ne sauvera pas Khalifa Sall

L'ancien président Abdoulaye Wade et son successeur Macky Sall

L'ancien président Abdoulaye Wade et son successeur Macky Sall. DR/

Le 11/09/2017 à 17h22, mis à jour le 11/09/2017 à 17h25

Abdoulaye Wade, 91 ans, l'un des principaux opposants au président Macky Sall, a annoncé qu'il renonçait à siéger à l'Assemblée nationale, où il avait été élu le 30 juillet, dans une lettre ouverte publiée lundi par la presse sénégalaise.

"Je présente ma démission de l'Assemblée Nationale, raison pour laquelle je ne serai pas présent à la séance d'ouverture solennelle convoquée jeudi", écrit l'opposant de 91 ans, qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012. L'une des premières conséquences de cette démission, c'est Wade ne sauvera pas Khalifa Sall, puisqu'en tant que doyen des élus, l'honneur lui échoit de présider la séance inaugurale de cette législature. Cela lui conférait le droit, selon plusieurs juristes, de suspendre la séance et de demander la libération de Khalifa Sall. 

En l'absence de Wade, c'est un allié de Macky Sall, Abdoulaye Makhtar Diop, actuel "Grand Serigne de Dakar" et un cassique du Parti socialiste (PS) sénégalais, qui devra donc présider la séance. Pas sûr qu'il veuille élargir l'un des opposants les plus craints. 

Abdoulaye Wade, qui réside habituellement en France, était rentré à Dakar trois semaines avant les législatives du 30 juillet.

"Je m'étais présenté à la compétition uniquement pour soutenir mon parti, le Parti Démocratique Sénégalais, et notre coalition", explique dans sa lettre M. Wade, qui avait multiplié les attaques contre son successeur lors d'une campagne émaillée d'incidents.

Selon des analystes, M. Wade cherchait à obtenir une majorité à l'Assemblée nationale pour l'opposition, afin d'obtenir une amnistie pour son fils et ancien ministre Karim, condamné en 2015 à six ans de prison pour "enrichissement illicite", afin de lever toute hypothèque sur son éligibilité à l’approche de la présidentielle de 2019.

Gracié en juin 2016 par le président Sall, Karim Wade réside depuis lors à l'étranger.

Finalement, la liste d'Abdoulaye Wade a remporté 19 sièges de députés sur un total de 165.

Face à une opposition divisée, celle de la coalition soutenant le président Macky Sall en avait gagné 125.

Les nouveaux députés doivent être installés jeudi matin. En tant que doyen de l'assemblée, M. Wade aurait dû présider la séance inaugurale.

Un autre absent de marque de la rentrée parlementaire sera le maire de la capitale, Khalifa Sall, en prison pour détournement de fonds présumé depuis un peu plus de six mois.

La victoire à haute valeur symbolique dans la circonscription de Dakar (sept députés) de la liste du président Macky Sall, par 6.000 voix d'écart, sur celle du maire, avait été contestée par le camp de ce dernier.

Le scrutin a par ailleurs été perturbé par des difficultés d'organisation, de nombreux électeurs n'ayant pu retirer leurs cartes pour voter.

Au total, quatorze partis seront représentés à l'Assemblée nationale, avec, pour la première fois, 15 députés représentants les Sénégalais de la diaspora.

Le Premier ministre sortant, Mahammed Boun Abdallah Dionne, a été reconduit dans ses fonctions. Il a annoncé jeudi denier la composition d'un nouveau "gouvernement de continuité".

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 11/09/2017 à 17h22, mis à jour le 11/09/2017 à 17h25