France-Sénégal: quand Philippe fait les yeux doux à Dionne

Mouhamed Dionne et Edouard Philipe

Mouhamed Dionne et Edouard Philipe . dr

Le 22/10/2017 à 11h05, mis à jour le 22/10/2017 à 14h43

La France assouplira les conditions d’obtention des visas de long séjour pour les migrations légales. C'est l'une des principales mesures issues de la visite du Premier ministre sénégalais à son homologue français qui a mis les petits plats dans les grands pour le recevoir.

N'ayant rien négligé pour séduire son homologue sénégalais, Édouard Philippe, le Premier ministre français a mis les petits plats dans les grands pour recevoir don hôte Mahammed Boune Abdallah Dionne. Les deux chefs de gouvernements ont tenu plusieurs réunions de même que la dizaine de ministres qui accompagnaient le Sénégalais et qui ont rencontré leur vis-à-vis français. 

Au terme de la visite de Dionne en France, une déclaration conjointe a été faite à Paris par les Premiers ministres français et sénégalais, jeudi 19 octobre 2017. Elle porte sur les accords sur la délivrance des visas, la coopération militaire et les projets de développement qui ont été signés en marge de la réunion intergouvernementale.

Les chefs des gouvernements des deux pays ont coprésidé un séminaire franco-sénégalais durant lequel ont été confirmées les visites programmées de plusieurs ministres français au Sénégal. Ils prendront part, le 14 novembre prochain, au Forum sur la paix et la sécurité en Afrique qui aura lieu à Dakar. La déclaration annonce aussi une visite officielle du président Emmanuel Macron au Sénégal dont la date n’a pas été précisée.

Vers un assouplissement de l’obtention des visas pour l’immigration légale et le rapatriement des clandestins

Comme l’a résumé une responsable français, «on desserre un peu pour la migration légale, ce qui a donné lieu à un arbitrage avec le ministère de l’Intérieur, et on renforce la lutte contre l’immigration illégale».

En d’autres termes, «la France souhaite augmenter le nombre et la durée des visas de circulation». Les migrants légaux pourront ainsi disposer de visas allant d’un an à 5 ans qui leur autorisent des séjours pouvant atteindre 90 jours par période de 6 mois. «La France s’efforcera par ailleurs de réduire les délais de délivrance en période estivale, notamment pour les étudiants», note-t-on dans la déclaration.

Pour sa part, le Sénégal devra mettre en place avec des fonds européens, un état civil modernisé, avec un fichier d’identité biométrique. Il faudra également envisager d’augmenter la durée de validité des passeports à 10 ans.

En ce qui concerne l’immigration clandestine, «le retour volontaire sera facilité» avec notamment «une meilleure articulation du programme de réinsertion des migrants mis en œuvre au Sénégal», avec l’appui de l’Office français de l’immigration.

C’est dans sens qu’a été signée une convention de financement entre l’Agence française de développement (AFD) et le gouvernement sénégalais en présence d’Édouard Philippe, Premier ministre français et de son homologue sénégalais Mahammad Boun Abdallah Dionne. L’AFD, l’Union européenne (UE) et l’État du Sénégal vont, pendant 4 ans, cofinancer les initiatives des Sénégalais de la diaspora qui vont dans le sens du développement de leur pays, pour un peu plus de 4 milliards de francs Cfa (14 millions d’euros). 

Il faut rappeler que la diaspora sénégalaise active et recensée officiellement en Europe, particulièrement en France, participe annuellement, pour l'équivalent de 10% au PIB de leur pays, soit 1,7 milliard de dollars. Ces fonds viendront ainsi en appui à la valorisation des ressources techniques et financières de la diaspora pour le développement de l’intérieur du Sénégal. Ainsi les régions de Tambacounda, Kédougou, Kolda, Sédhiou, Ziguinchor, Saint-Louis et Matam seront premières bénéficiaires de ces financements qui serviront également à créer des entreprises.

Un campus franco-sénégalais et un renforcement des écoles militaires

Il est également prévu dans ces accords la mise en place d’un campus franco-sénégalais dans la nouvelle ville de Diamniadio, à 32 km au sud de Dakar. Le Sénégal, avec l’appui de la coopération française, réfléchira sur les moyens de contenir l’érosion côtière dans la région de Saint-Louis, au nord du pays.

Les écoles militaires sénégalaises, notamment l’armée de l’air et infanterie seront également soutenues. Leur développement sera principalement axé sur la lutte contre la cybercriminalité. Il est aussi prévu le renforcement de la présence militaire française au Sénégal comme elle l’a été dans les pays du Sahel comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 22/10/2017 à 11h05, mis à jour le 22/10/2017 à 14h43