Le procureur de la République n’a pas perdu de temps dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. En effet, quatre jours seulement après la levée de l’immunité parlementaire du maire de Dakar, Serigne Bassirou Guèye a pris la décision de l’envoyer au tribunal correctionnel. Khalifa Sall et ses co-inculpés sont accusés d’association de malfaiteurs, de détournement de deniers publics, d’escroquerie portant sur des deniers publics, de blanchiment, de faux et usage de faux en écriture de commerce.
Il appartient maintenant au doyen des juges, Samba Sal, de suivre ou pas le réquisitoire du procureur de la République ou de prononcer le non lieu. Les conseillers du maire sont convoqués devant la chambre d’accusation de la Cour d’appel le 5 décembre prochain. Cette décision tombe après le rejet, par le doyen des juges, de la demande de liberté d’office pour Khalifa Sall, introduite par ses avocats. Ces derniers avaient brandi l’immunité parlementaire du maire de Dakar qui a été élu député le 30 juillet dernier.
Rappelons que toutes les demandes de liberté provisoire ou d’office introduites par les conseillers de Khalifa Sall ont été rejetées, tour à tour, par le parquet et le doyen des juges. Néanmoins, les avocats du maire de Dakar n’ont pas baissé les bras et ont fait appel. Une requête qui n’a aucune chance d’aboutir car, selon des sources proches du dossier, "le parquet compte, une nouvelle fois, s’y opposer, le 5 décembre prochain".
VOIR AUSSI : Sénégal: les «Amazones de Khalifa Sall» prévoient de manifester nues à Dakar
Si l’ordonnance du juge est confirmée, les choses pourraient s’emballer pour le maire de Dakar. Khalifa Sall et ses co-accusés pourraient ainsi être envoyés au tribunal correctionnel.
Le député-maire de Dakar a été arrêté le 7 mars dernier. Il est, avec ses co-inculpés, accusé d’avoir détourné 1,8 milliard de francs Cfa (2,7 millions d’euros). Le 26 novembre dernier, les députés de la majorité présidentielle, proches de Macky Sall, ont voté la levée de son immunité parlementaire avec 125 voix contre 25.
Le maire de Dakar est l’un des plus farouches opposants de Macky Sall et un sérieux prétendant à la présidence de la République en 2019.
Après son arrestation, des voix se sont élevées pour le défendre. Parce que, disent-ils, "tous ses prédécesseurs à la mairie de Dakar ont toujours géré la caisse d’avance de la même manière et n’ont jamais été inquiétés". Ses partisans voient derrière cette arrestation la main de Macky Sall et de ses souteneurs. Selon Bartélémy Dias, le maire de Mermoz-Sacré Cœur, "Macky Sall veux aller aux élections présidentielles de 2019 sans adversaire". Cet avis est aussi celui d’Idrissa Seck, ex-Premier ministre d'Abdoulaye Wade et actuel président du parti Rewmi. "Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un chef d’Etat ne se sera autant appliqué à manipuler la justice pour éliminer ses adversaires politiques de la compétition électorale", a-t-il soutenu.