Macky Sall vient de boucler ses 6 ans à la magistrature suprême après sa victoire sur Abdoulaye Wade. Vainqueur à l’issue du deuxième tour de l'élection présidentielle du 25 mars 2012, avec 65 % des suffrages exprimés, Macky Sall devenait ainsi le 4e président de la République du Sénégal. L'heure du bilan a sonné.
«Il appartient aux Sénégalais d’apprécier mon travail. Je ne peux pas m’auto-évaluer. Mais si je dois simplement et objectivement évaluer ce qui a été fait en six ans, par rapport à ce qui a été fait avant, c’est un bilan globalement très positif», avait déclaré Macky Sall à partir de Kigali, au Rwanda, où il venait de participé au sommet de l’Union Africaine pour la signature de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).
Toutefois, ce bilan "globalement très positif" dont fait état Macky Sall souffre un chapelet de critiques. En effet, malgré quelques avancées dans certains domaines, la fourniture d’électricité, le social et les infrastructures, il existe des zones grises dans les domaines tels que l’emploi des jeunes, l’enseignement, la santé et la justice.
Des avancées dans le domaine social
Dès son accession à la magistrature suprême, Macky Sall s’est attelé à mettre en place la couverture maladie universelle (CMU). Les trois axes sur lesquels se dessine la CMU sont : la gratuité des soins chez les enfants de moins de 5 ans, le «Plan Sésame», pour une prise en charge médicale des personnes âgées de 60 ans et plus et la gratuité de la césarienne dans les hôpitaux publics.
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Toutefois, entre la décision et sa mise en place réelle, il y a un réel décalage. A titre d’exemple, le cas des femmes enceintes qui arrivent au terme de leur grossesse, supportent encore beaucoup de frais. Même si les interventions chirurgicales sont gratuites pour ces dernières, des frais liés à leur hospitalisation, aux ordonnances, sont à leur charge. Et ces dépenses peuvent aller jusqu’à 200.000 francs Cfa (300 euros), ce qui reste hors de portée de plusieurs familles sénégalaises. Car, faut-il le rappeler, le salaire minimum légal demeure inférieur à 100 euros.
Toujours sur le plan social, le président sénégalais a pensé aux familles à faible revenu en leur octroyant des bourses mensuelles allant de 25.000 à 50.000 francs Cfa (entre 37 et 74 euros). Cette somme peut paraître insignifiante mais, multipliée par le nombre de familles démunies que compte le Sénégal, elle est très considérable.
Cherté de l’habitat, l’eau, l’électricité et des denrées alimentaires
Il faut dire que les fins de mois sont difficiles pour plusieurs foyers. Les factures d'eau demeurent souvent lourdes. L’électricité reste hors de portée malgré l’installation des parcs énergétiques solaires à Mbodiène et à Malicounda.
Quant à l'accès à l'habitat, les populations de Dakar, la capitale, ne cessent de se plaindre à propos de son coût exorbitant.
Et pourtant le chef de l’Etat ne semble pas être au courant de ces difficultés. En effet, Macky Sall se plaît toujours à rappeler la stabilité des prix des denrées alimentaires depuis 2012, l’absence de délestage et du retour de la paix en Casamance.
Une croissance non inclusive
Sur le plan économique, le Sénégal a réalisé une croissance de 7% en 2017, et un peu plus de 6% les deux années précédentes. Il s'agit de réalisations dont s'enorgueillissent tous les membres du gouvernement, au point de les afficher dans tous les ministères.
Le président Macky Sall brandit toujours cet argument pour justifier la bonne santé économique du pays. "Notre croissance économique, mais surtout les politiques d’inclusion sociale, peuvent servir de preuve", selon lui.
Néanmoins, cette croissance est ignorée de la majorité des Sénégalais qui n’ont pas remarqué de changement dans leur quotidien.
Des infrastructures
La modernisation des infrastructures est le principal domaine de prédilection de Macky Sall. En 6 ans, il aura inauguré plusieurs infrastructures dont les ponts de Ndioum et Médina Ndiathbé, dans le département de Podor, région de Saint Louis. Dans le registre des réalisations figurent aussi le Pont de l’Emergence dans la région de Dakar, le centre de conférences Abdou Diouf, l’autoroute à péage de Diamniadio et l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass. Il ne se prive pas non plus de citer, dans son bilan, les chantiers de modernisation des cités religieuses. Sauf que ses détracteurs lui rappellent sans cesse que c'est son prédécesseur qui avait initié la plupart des réalisations finalisées depuis 2012. C'est le cas de l'aéroport de Diass, mais aussi de l'autoroute à péage Dakar Diamniadio.
Des difficultés dans l’Education, la Santé et l’emploi des jeunes
L’éducation, la santé et l’emploi des jeunes demeurent le talon d’Achille de Macky Sall. Les mouvements de grève des enseignants et des médecins, qui revendiquent une meilleure revalorisation de la part de l’Etat, ont fini par donner des nuits blanches aux élèves et aux malades. Pour le moment, les négociations entre l’Etat et les syndicats n’ont pas permis de débloquer la situation.
Par ailleurs, le chômage des jeunes reste une véritable "bombe sociale", selon les termes même de Moubarack Lô, conseiller du Premier ministre sénégalais. Pourtant, ce point faisait partie des promesses électorales de Macky Sall. Il avait émis la volonté de créer «200.000 nouveaux emplois en cinq ans», donc à l'horizon 2017, mais cette promesse n'a pas été réalisée. Et effet, chaque année, les chiffres font état de 300 000 nouvelles arrivées dans le marché du travail, et d'une création d'emplois inférieure à ce nombre. Du coup, le chômage augmente.
Ce manque d’emplois chez les jeunes pourrait être déterminant lors de la prochaine présidentielle qui prévue en février 2019.