Vidéo. Sénégal: un haut fonctionnaire limogé par décret présidentiel

Le président Macky Sall.

Le président Macky Sall.. DR

Le 17/05/2018 à 12h55, mis à jour le 17/05/2018 à 13h25

VidéoAbdoulaye Ndour, directeur de l’Administration générale et de l’équipement de la présidence, a été limogé pour avoir émis un avis contraire à celui du gouvernement sur l’affaire du capitaine démissionnaire, Mamadou Dièye, qui a été arrêté et accusé de désertion. Les détails.

Abdoulaye Ndour, directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) de la présidence de la République a été démis de ses fonctions par un décret de Macky Sall. Ce, pour avoir soutenu, sur les ondes de la RFM, que « l’Armée (sénégalaise, NDLR) est aujourd’hui le milieu le plus politisé». «Le soldat se considère comme un simple citoyen qui doit dire ce qu’il pense et les textes ne le permettent pas. Vous allez en France, il y a un syndicat des policiers, mais au Sénégal ce n’est pas possible…il faut permettre aux soldats de vivre la politique comme tous les citoyens», a-t-il ajouté. Il réagissait au cas du capitaine démissionnaire de l’Armée, Mamadou Dièye, qui a été mis aux arrêts par les autorités militaires.

Après cette sortie, dans la matinée du mardi 15 mai, Abdoulaye Ndour a tout bonnement été remercié avant la fin de cette même journée. Il est à noter que, quelques heures après, la Direction de l'information des relations publiques de l’armée (DIRPA) publiait un communiqué. 

Capitaine Dièye accusé de désertion

La hiérarchie militaire accuse le capitaine Dièye de désertion et annonce de «lourdes sanctions», peut-on lire dans ce document parvenu à la presse. La DIRPA soutient que «Le capitaine Mamadou Dièye a déserté. Il a quitté son poste à Bignona pour se rendre à Mbour et travailler pour une société privée».

Toujours selon la DIRPA, le capitaine Dièye encourt «des sanctions statutaires notamment la traduction devant un conseil d’enquête en vue de sa radiation». La direction n’exclut pas en outre la mise en place d’une «juridiction spéciale pour le juger».

«Le capitaine Mamadou Dièye a déposé une demande de disponibilité le 9 février 2017, alors qu’il servait au 25e bataillon de reconnaissance à Bignona. Mais, il n’a pas attendu la fin du traitement de sa demande pour rejoindre une société privée à Mbour pour y travailler, abandonnant son unité», lit-on encore sur le document.

Le capitaine Dièye avait soutenu le contraire

A rappeler que le capitaine Mamadou Dièye avait émis son désir de quitter l’armée. A cet effet, soutient cet officier de 35 ans, formé à l’école militaire française de Saint Cyr, «j’avais déposé ma démission, le 22 janvier 2017». Cette démission a été remise à son supérieur hiérarchique, le «lieutenant-colonel Assane Seck, chef du 25e bataillon de reconnaissance et d’appui à Bignona». Mais les autorités n’ont pas réagi à cette demande, dans le délai de 3 mois comme le stipule le Code militaire. En effet, les textes permettent à tout officier de déposer sa démission auprès de sa hiérarchie, laquelle doit la transmettre au chef de l'Etat après avoir donné un avis motivé. Dans les trois mois qui suivent, la réponse du chef de l'Etat doit être adressée au démissionnaire. Dans les faits, toutes les démissions déposées reçoivent un avis favorable. 

Le capitaine Mamadou Dièye soutient également que le président Macky Sall est au courant de sa décision, mais n'a pas donné son accord pour qu’il quitte l’armée. «On lui (le chef de l’État) a dit que j’avais déposé une demande de mise en retraite anticipée, révèle l’ex-Saint-Cyrien. Finalement, je me suis entretenu avec mon chef pour lui dire, honnêtement, que je souhaitais quitter l'armée et le faire de la plus belle des manières», a-t-il précisé.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 17/05/2018 à 12h55, mis à jour le 17/05/2018 à 13h25