Sénégal: Adoption par les députés du projet de loi sur le parrainage des candidats à la présidentielle

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Le 20/06/2018 à 16h58

111 députés de la majorité ont voté en faveur de l’adoption du projet de loi portant la modification du code électoral. Les 14 députés de l’opposition ont voté contre, tandis qu’aucune abstention n’a été enregistrée.

Désormais, il faudra être parrainé par au moins 65.000 citoyens sénégalais pour prétendre être candidat à l'élection présidentielle au Sénégal. Le texte portant sur la révision du code électoral, relatif à la mise en œuvre du parrainage, a été voté ce 18 juin 2018, à l’Assemblée nationale. 111 députés de la majorité ont voté en faveur de cette loi, dont 17 par procuration. Les 14 députés de l’opposition qui étaient présents à l’hémicycle ont tous voté contre cette loi qui, selon eux, est taillée sur mesure pour écarter certains adversaires de Macky Sall à la présidentielle de 2019.

Les débats ont duré plus de 5 heures d’horloge durant lesquelles 72 parlementaires de la majorité et de l’opposition se sont succédé au parloir pour tenter de convaincre sur la pertinence, ou non, de la loi sur le parrainage.

A deux reprises, le député du Parti démocratique sénégalais, maître Madické Niang a tenté d’introduire des questions préalables. Mais elles ont toutes été rejetées par la majorité mécanique du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, proche de Macky Sall.

Présent lors de ces travaux, le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye est revenu sur les sanctions prévues par l’article L. 88 du code électoral. «Toute personne qui se fait inscrire sous un faux nom ou sur une fausse qualité, ou qui se fait inscrire sur deux ou plusieurs listes, sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an de prison et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs Cfa», a-t-il précisé.

Ces propos du ministre de l’Intérieur ont été considérés comme des menaces par certains députés de l’opposition qui n’ont pas tardé à lui apporter une réplique. C’est le cas du parlementaire Serigne Abdou Mbacké Bara Doly, du Pds, qui doute de la neutralité du ministre de l’Intérieur.

«Monsieur le ministre, vous avez fait perdre 1.200 milliards de francs Cfa (1,804 milliard d’euros) au Sénégal dans l’affaire Arcélor Mittal. Donc vous n’êtes pas digne de confiance», a-t-il répliqué.

Le député libéral est allé jusqu’à prédir la prison pour Aly Ngouille Ndiaye au cas où l’Alliance pour la république (Apr) de Macky Sall perdrait la présidentielle de février 2019. «Si on (l’opposition) gagne les élections, vous ne passerez pas une minute chez vous, vous irez directement en prison», a-t-il dit au ministre de l’Intérieur.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/06/2018 à 16h58