Sénégal: le Maire de Dakar révoqué par Macky Sall

Khalifa Sall, maire de Dakar

Khalifa Sall, maire de Dakar. dr

Le 01/09/2018 à 09h50, mis à jour le 01/09/2018 à 10h41

Le président Macky Sall vient de signer le décret portant révocation du maire de Dakar, Khalifa Sall. Selon toute vraisemblance, cette décision fait suite à la confirmation par le juge Demba Kandji, de sa condamnation ce jeudi 30 août 2018.

La décision ne fait pas l’unanimité chez les défenseurs des droits l’Homme qui dénoncent l’abus de pouvoir dont est victime Khalifa Sall depuis le début de cette affaire.

En signant ce décret qui met fin aux fonctions de Khalifa Sall, comme maire de Dakar, le Chef de l’Etat dit s’appuyer sur «la Constitution et sur la loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités territoriales». Il évoque également «l’Arrêté de la Cour d’Appel de Dakar statuant en matière correctionnelle en date du 30 août 2018». Ces arguments brandis par Macky Sall sont toutefois battus en brèche par certains spécialistes du droit qui jugent que les défenseurs des droits de l’Homme n’ont pas eu tort d’évoquer «un harcèlement et une persécution». 

«Du point de vue des droits humains, le harcèlement, la persécution qui étaient les maîtres-mots des partisans de Khalifa Sall semblent se confirmer», a lancé maître Assane Dioma Ndiaye, Président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme. Selon lui, «l’élégance républicaine voudrait que l’on (le pouvoir exécutif) n’agisse pas de la sorte».

Sur le plan purement juridique, maître Assane Dioma Ndiaye a attaqué cette décision de Macky Sall de révoquer le maire de Dakar qu’il qualifie d’«illégale». «Il y a une erreur de droit manifeste qui entoure cette décision parce que cette décision n’est pas revêtue de l’autorité de la chose jugée et le délai de pourvoi suspend cette décision», a-t-il dit sur la Rfm. En d’autres termes, tant que Khalifa Sall n’aura pas épuisé toutes ses voix de recours auprès des juridictions nationales, toute décision de le démettre de ses fonctions de maire de Dakar ne lui serait pas applicable.

Le président de Ligue sénégalaise des Droits de l’Homme a aussi regretté le fait que sur le plan de la morale et de l’éthique, les dirigeants africains ne «s’entourent pas de compétences en droit». A l’en croire, «l’erreur» que vient de commettre Macky Sall pourrait lui être fatale.

«C’est le plus mauvais moment pour prendre cette décision parce que la loi dit qu’après l’intervention d’un arrêt, le délai de droit est suspensif donc c’est encore beaucoup plus grave», a-t-il ajouté.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 01/09/2018 à 09h50, mis à jour le 01/09/2018 à 10h41