Macky Sall aura tout fait pour enterrer Khalifa Sall, son potentiel rival à la présidentielle 2019, mais toutes ses tentatives se sont soldées par un échec. Le premier acte a consisté en une cabale judiciaire qui a mené l'ancien maire de Dakar en prison pour une durée de 5 ans, après une condamnation pour "faux et usage de faux en écriture" et "escroquerie" contre la mairie de Dakar.
L’acte final de Macky Sall pour la «liquidation politico-judiciaire» de son ex-allié semblait être contenu dans son décret pour révoquer celui qui fut alors maire de Dakar. Mais ce fut sans compter sur la ténacité des conseillers municipaux, dont l'écrasante majorité est encore fidèle à Khalifa Sall.
Les conseillers municipaux ont ainsi manifesté cette fidélité envers l'adservaire du président Macky Sall en désignant Soham El Wardini comme sa remplaçante à la tête de la ville de Dakar. Car Soham El Wardini qui a été élue première femme édile de la capitale sénégalaise n'est autre que l'adjointe de Khalifa Sall qui dirigeait la ville depuis que ce dernier est dans sa cellule de Rebeuss. Elle a obtenu 64 voix du conseil municipal, contre 13 pour son poursuivant immédiat, Banda Diop, et 11 pour le troisième candidat, Omar Sy.
En effet le candidat du Parti socialiste (Ps), Banda Diop, et celui de l’Alliance pour la république (APR) de Macky Sall, Moussa Sy, ont été battus par cette femme, qui appliquait jusqu'ici à la lettre les instructions de Khalifa Sall.
Mais ce qui s’est déroulé ce week-end à la mairie de Dakar, au-delà de l’enthousiasme suscité, interpelle, et pas seulement parce que pour la première fois, une femme va diriger la mairie la plus importante du Sénégal.
Aujourd’hui, deux questions sont récurrentes auprès des Sénégalais. La première est celle de savoir comment les adversaires de Khalifa Sall ont pu aller jusqu’à s’attirer la haine des représentants légaux de la population communale de Dakar ? La seconde interrogation est de savoir si l’élimination d’un potentiel adversaire de Macky Sall à la présidentielle de 2019, valait la peine de courir le risque de s’attirer les foudres des Sénégalais qui voient en Khalifa Sall un martyr.
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A ces deux questions, Babacar Justin Ndiaye, grand politologue sénégalais, a apporté des réponses. Selon lui, les partisans de Macky Sall ont de toute évidence perdu au change en tentant, par tous les moyens d’éliminer, Khalifa Sall. «L’Alliance des forces du progrès (AFP) de Moustapha Niasse (président du Parlement) a moissonné la Mairie de Dakar à travers la personne de Soham Wardini, dit-il et l’APR de Macky Sall a récolté la colère et toutes les colères», écrit-il.
Pour illustrer ses propos, il a décrit «l’ambiance électrique» dans laquelle s’est déroulée la réunion du Conseil municipal, ce samedi 29 septembre. Il faut dire qu’à cette occasion, le candidat du Parti socialiste, Banda Diop, et le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, tous deux partisans de Macky Sall, ont essuyé des coups des partisans de Khalifa Sall. Ce que le journaliste politologue assimile à «une gifle», pour ces deux-là. «Le Ministre travailleur, Abdoulaye Diouf Sarr, subit ainsi les retours de manivelle de la condamnation de Khalifa Sall», tandis que Banda Diop et Moussa Sy ont essuyé une cuisante défaite face à Madame Wardini.
Quand à Macky Sall, dit Babacar Justin Ndiaye, il a été «catalogué comme le bourreau» pour avoir «actionné la guillotine judiciaire puis donné le coup de grâce administratif, au moyen de décret de révocation» de Khalifa Sall.
Avec l’élection de Soham Wardini comme première femme maire de Dakar, tout indique que les manœuvres faites pour neutraliser un éventuel adversaire de Macky Sall en 2018 n’ont pas eu l’effet souhaité.
«Khalifa Sall téléguide toujours la marche administrative et politique de la Mairie de Dakar, depuis sa cellule. Car chaque visite de Mme Soham Wardini à Rebeuss, équivaudra à une réelle séance de travail au cours de laquelle l’expérience et les orientations de Khalifa Sall seront religieusement recueillies et scrupuleusement traduites en actes. Du coup, la portée du décret de révocation sera réduite à sa plus simple voire inexistante expression», soutient Babacar Justin Ndiaye.