Mauritanie: les fonctionnaires victimes des événements de 1989 en sit-in

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Le 15/05/2019 à 15h55, mis à jour le 16/05/2019 à 11h29

Plus de 30 ans après les faits, la Mauritanie n’a toujours pas fini de solder les graves troubles des "Evènements de 1989". Les fonctionnaires négro-mauritaniens déportés vers le Sénégal continuent, malgré leur retour en Mauritanie, de courir derrière leurs droits légitimes.

Les fonctionnaires de l'Etat mauritanien déportés lors des évènements douloureux de 1989 étaient encore en sit-in cette semaine à Nouakchott.

Il faut dire que plus de 30 ans après les faits, la Mauritanie n’a toujours pas fini de solder les graves troubles de 1989, matérialisés par des affrontements avec un bilan de plusieurs milliers de morts à Nouakchott, Nouadhibou, Dakar et dans d'autres villes des deux pays pendant les journées du 25 au 29 avril 1989.

Des journées d'affrontements suivies par le rapatriement réciproque des ressortissants sénégalais vivant en Mauritanie et mauritaniens vivant au Sénégal.

Des opérations qui ont été suivies rapidement par la déportation dans les mêmes conditions de plusieurs dizaines de milliers de négro-mauritaniens originaires de la Vallée sous le régime de Maâwiya ould Taya.

Après le retour décidé de ces déportés sous le régime civil éphémère de Sidi ould Cheikh Abdallahi, cette opération ne s'est pas déroulée comme convenu après le changement de régime et le retour des militaires au pouvoir.

Du coup, les autorités sont toujours confrontées aux dégâts collatéraux de cette page sombre de l’histoire du pays.

Ainsi, le mardi 14 mai, à l’appel du Regroupement des victimes des événements de 1989 (REVE), plusieurs dizaines d’agents ont tenu un sit-in devant le ministère de la Fonction publique.

Ces individus réclament «le versement par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), des cotisations pour les pensions des travailleurs victimes des événements de 1989/1991, issus des entreprises publiques et parapubliques. Seize sociétés publiques et parapubliques ont versé à ces travailleurs des indemnisations forfaitaires pour le préjudice moral, mais ces montants n’ont pas été reversés par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)», selon Lô Souleymane, président du REVE, officier des douanes à la retraite.

«Les fonctionnaires victimes (agents payés sur le budget) de ces événements ont touché une indemnité, ceux qui n’avaient pas encore l’âge de la retraite ont été réintégré à compter de 2012, sans la reconstitution de carrière, qui aurait dû être l’ossature du règlement de ce problème», précise le président du REVE.

Près de 25.000 anciens déportés ont été rapatriés en Mauritanie de janvier 2008 à août 2012, sur la base d’un accord tripartite entre Nouakchott, Dakar et le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés (UNHCR), signé en novembre 2007. A noter que malgré cette opération, il reste encore plusieurs milliers de déportés négro-mauritaniens au Sénégal et au Mali. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 15/05/2019 à 15h55, mis à jour le 16/05/2019 à 11h29