En juin 2012, peu après sa première élection, le président sénégalais Macky Sall avait confirmé la décision de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, d'attribuer l'exploitation des deux champs pétroliers et gaziers à Petro-Tim, une société de l'homme d'affaires australo-roumain Frank Timis, au coeur du scandale qui secoue le Sénégal et écorne son image à l'étranger depuis la diffusion d'un reportage de la BBC le 3 juin.
Selon la chaîne britannique, cette société a versé deux ans plus tard une prime secrète de 250.000 dollars au frère de Macky Sall, Aliou Sall, actuel président de la Caisse de dépôt et consignation (CDC) et maire d'une commune de la banlieue de Dakar, ce que celui-ci a démenti.
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Le rassemblement de vendredi, à l'appel d'un collectif citoyen et de l'opposition, s'est tenu près du centre-ville, sous une forte surveillance policière, après une manifestation interdite puis réprimée le 14 juin dans la capitale, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
"Macky Sall, Aliou Sall, Frank Timis, tous voleurs", ont scandé des milliers de manifestants. "Nous exigeons la renégociation des contrats", "Rester les bras croisés, c'est être complice", pouvait-on lire sur des pancartes.
Des responsables de l'opposition, dont l'ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, ont participé au rassemblement. Des orateurs ont appelé à organiser chaque vendredi une manifestation pour exiger toute la lumière sur ces contrats.
Les autorités "ont usé d'artifices pour casser le mouvement mais personne ne peut empêcher une victoire du peuple souverain", a déclaré aux manifestants le député Ousmane Sonko, ex-candidat à la présidentielle et figure montante de l'opposition.
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Le procureur de la république Serigne Bassirou Guèye a lancé le 12 juin un "appel à témoins" pour amener les détenteurs d'informations sur la gestion du pétrole et du gaz à les livrer à la justice.
Plusieurs personnes, dont des opposants et des experts, ont depuis lors été auditionnés par la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire).
La polémique a été relancée mercredi par une déclaration de El Hadji Hamidou Kassé, ministre-conseiller en communication du président Macky Sall.
Tout en voulant défendre Aliou Sall, M. Kassé a affirmé sur la chaîne francophone TV5 qu'une prime de 250.000 dollars avait été effectivement versée à une société appartenant à Aliou Sall, mais au titre, selon lui, d'"une mission de consultation agricole".
La déclaration de M. Kassé, une nouvelle fois démentie par le camp d'Aliou Sall, a provoqué des dissensions dans la majorité, dont des responsables ont mis cette sortie sous le compte d'une simple maladresse.