Sénégal: l’opposition et la société civile décident de manifester à l'algérienne

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Le 19/06/2019 à 10h38, mis à jour le 19/06/2019 à 10h59

Les membres du mouvement «Aar li nu bokk» vont encore marcher, le vendredi 21 juin prochain, pour dénoncer l’opacité qui entoure la gestion des ressources pétrolières et gazières du Sénégal. Une demande d’autorisation à cet effet a été déposée à la préfecture de Dakar.

Sortir tous les vendredis et battre le pavé pour dénoncer les dérives du régime de Macky Sall et l'affaire de corruption concernant le pétrole: c'est ce qu'ont décidé l'opposition sénégalaise et la société civile, décidées à mener le même combat. En quelque sorte, elles veulent suivre l'exemple algérien des manifestations du vendredi pour faire plier le chef de l'Etat. 

L'interdiction de la marche, ordonnée par le préfet de Dakar, le vendredi 14 juin dernier, ne décourage pas les manifestants. Ceux-ci ont décidé de recommencer à se rassembler et ce, à l'instar des évènements en cours en Algérie, tous les vendredis. 

En effet, les membres de la plateforme «Aar li no bokk» sont plus que jamais déterminé à réclamer que toute la lumière soit faite sur la présumée corruption dans les transactions pétrolières entre l'homme d'affaires australo-roumain Frank Timis et la firme britannique British Petroleum, dans laquelle Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, serait mêlé.

Ils programment même de manifester à nouveau le vendredi 21 juin 2019.

Le lieu de rassemblement a, cette fois-ci, été changé.

En conférence de presse ce mardi 18 juin, «Aar li no bokk» a fait savoir que ses membres ont prévu de se regrouper sur le Boulevard Général De Gaulle de Dakar. Ils ont appelé à un grand rassemblement.

«Nous informons l’opinion nationale et internationale que nous avons déposé, hier, 17 juin 2019, une demande d’autorisation pour organiser un grand rassemblement pacifique, ce vendredi 21 juin à 15 heures sur le boulevard du Général De Gaulle», déclare Aliou Sané, l'un des leaders de ce mouvement.

Ils ont également prévenu les autorités sénégalaises qui seraient tenté de les empêcher d’exercer leur droit constitutionnel de manifester du fait qu'ils tiendront le Chef de l’Etat et le préfet de Dakar comme les seuls responsables d’éventuels débordements qui pourraient survenir.

«Nous tiendrons Macky Sall et son gouvernement pour responsables de tous les dérapages éventuels découlant d’une interdiction illégale», ont prévenu, selon le média en ligne Seneweb, les membres de «Aar li nu bokk», qui ont demandé «aux régulateurs sociaux, aux marabouts et à l’Eglise, de raisonner le pouvoir qui, manifestement, ne veut pas que la vérité éclate dans ces dossiers nébuleux liés au pétrole et au gaz».

Cette conférence de presse a également permis à Abdourahmane Sow de la COS/M23 de s’insurger contre «l’arsenal répressif mis en branle la semaine dernière Place de la Nation».

Arsenal qui, du reste, ne les «empêchera pas de continuer le combat patriotique pour obtenir la lumière sur tous les termes des contrats relatifs à l’exploitation des ressources naturelles du Sénégal».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 19/06/2019 à 10h38, mis à jour le 19/06/2019 à 10h59