Sénégal: l’ambassadeur de France au centre d’une polémique

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Le 11/02/2020 à 12h25, mis à jour le 12/02/2020 à 17h10

Alors que les ambassadeurs africains respectent scrupuleusement leur obligation de réserve sur les affaires intérieures françaises, ceux de l’ancienne puissance coloniale en Afrique ne se gênent pas de commenter l’actualité politique des pays hôtes.

Cette semaine, c’est Philippe Lalliot, chef de la représentation diplomatique française basée à Dakar, qui s’est illustré dans une interview accordée à la Radio Futurs Medias (RFM). Il n’a pas hésité à aborder certains sujets sensibles, notamment le virulent mouvement anti-français, le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricain (Frapp-France dégage).

Selon lui, "le combat que mène le mouvement Frapp-France dégage est insensé". "Très franchement, je pense que ce n’est pas à la hauteur des enjeux et des ambitions des relations entre le Sénégal et la France. A mon avis, les Sénégalais et les Sénégalaises méritent mieux que cela", a-t-il poursuivi.

Au Sénégal, cette sortie a très peu été appréciée et a été considérée comme une ingérence par beaucoup. Certains ont rappelé qu’aucun ambassadeur africain ne s’est permis, par exemple, de commenter le mouvement des Gilets jaunes. Et quand le président américain Donald Trump s’y est aventuré sur Twitter, à l'instar de Matteo Salvini, alors ministre de l’Intérieur Italien, on a frôlé l’incident diplomatique dans les deux cas.

Toujours dans cet entretien, Philippe Lalliot a contredit le gouvernement sénégalais qui a affirmé à plusieurs reprises que le démarrage de l’exploitation du Train express région (TER) est prévu pour bientôt, notamment au cours du mois d’avril 2020.

"En avril, je ne pense pas qu’il puisse y avoir une mise en service commercial du TER. C’est en tout cas ce que me disent les entreprises françaises. Les Sénégalais verront le TER circuler. Mais ils devront attendre pour pouvoir l’utiliser", a-t-il dit. Il estime que beaucoup de choses ne sont pas en place actuellement.

Pourtant, le président Macky Sall avait inauguré, dès janvier 2019, cette infrastructure devant relier Dakar Plateau à la nouvelle ville de Diamniadio, en passant par les plus importants quartiers de la populeuse banlieue.

Quoi qu’il en soit, ce dernier commentaire a été jugé malheureux par beaucoup, notamment dans les réseaux sociaux qui estiment qu’un simple diplomate doit se garder de contredire les plus hautes autorités de son pays hôtes.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 11/02/2020 à 12h25, mis à jour le 12/02/2020 à 17h10