Sénégal: pluie de réactions de l’opposition sur la gestion des inondations

Un bus de transports urbains noyé dans les eaux de pluie, à Dakar.

Un bus de transports urbains noyé dans les eaux de pluie, à Dakar. . DR

Le 09/09/2020 à 15h30, mis à jour le 09/09/2020 à 15h44

C'est un moment opportun pour critiquer le président Macky Sall que n'ont pas manqué de saisir les responsables de l’opposition sénégalaise. Ils profitent des inondations de ces derniers jours pour dénoncer l’inaction du régime.

Au Sénégal, les fortes pluies de samedi dernier (l'équivalent de trois mois de précipitations est tombé en un jour, selon l'agence de la météorologie) ont provoqué l'inquiétude des populations dans plusieurs zones du pays. Premier à réagir, Idrissa Seck, le président du Parti Rewmi, a tenu à se solidariser avec les personnes impactées, mais n'a pas omis d'inviter l'État à prendre les mesures nécessaires pour venir en aide aux sinistrés.

Selon lui, «les pluies diluviennes d'hier ont plongé plusieurs localités de notre pays sous les eaux et occasionné des dégâts multiformes. Nous vivons ce sinistre aux côtés de nos compatriotes dont les lieux d'habitation sont inondés, mais aussi de ceux ayant enregistré des pertes matérielles. Nous leur exprimons notre compassion, notre totale solidarité et invitons les populations ainsi que l'État à prendre toutes les mesures nécessaires pour leur venir en aide».

Un discours qualifié de mou pour quelqu’un qui a toujours été dur avec le régime de Macky Sall. Idrissa Seck qui s’est ramolli, selon plusieurs observateurs, ne viserait plus à présent que le statut de chef de l’opposition qui est accompagné d’une enveloppe de 2 milliards de FCFA par an selon le leader du mouvement Tekki Mamadou Lamine Diallo.

Ousmane Sonko toujours fidèle à lui-même exige un dispositif urgent pour éviter "une mafia du pompage des eaux stagnantes" et un audit technique et financier du plan de lutte contre les inondations.

«Nous exigeons la mise en place immédiate d’un dispositif de contrôle indépendant, participatif et rigoureux pour éviter tout détournement de fonds ou de matériel par une mafia du pompage qui profite de la situation pour s’enrichir impunément. Le caractère urgent et catastrophique des situations d’inondation ne doit plus être un alibi aux pratiques de corruption», avertit la coalition de Sonko, Jotna. Elle demande aussi des comptes: «Nous réclamons un audit technique et financier au vu de l’aggravation de la situation par la fréquence des sinistres, le nombre des impactés et la gravité des conséquences», lit-on dans sa déclaration.

La LD Debout, parti de l’ancien ministre Abdoulaye Bathily, est elle aussi vivement préoccupée par l’ampleur des récentes inondations provoquées par les pluies qui se sont abattues sur l’ensemble du territoire. Ces inondations, en sus d’importants dégâts matériels et des désagréments, ont fait au moins six (6) victimes.

La LD Debout qui s’est inclinée devant leur mémoire a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Le parti a également exprimé sa solidarité à toutes les populations affectées à Dakar et dans les autres régions du pays. Face à cette situation, la LD Debout demande au gouvernement de prendre toutes les mesures d’urgence nécessaires pour soulager les souffrances de ces populations et rétablir les conditions d’une bonne mobilité sur tout le territoire national.

La gravité de ces inondations, qui coïncide avec la crise de Covid-19, demande à ce que l’Etat mobilise d’importantes ressources financières, ont ajouté les responsables de ce parti de gauche.

Autre réaction, celle du président du parti Bokk Guis Guis, Pape Diop. «Les pluies diluviennes de ces dernières 48 heures ont causé d'énormes dégâts sur toute l'étendue du territoire, replongeant plusieurs localités du pays dans le spectre des inondations. Les dommages sont si importants que beaucoup de nos compatriotes sinistrés sont en plein désarroi», a-t-il déclaré.

La dissolution d'une ou de plusieurs institutions comme le Haut Conseil des collectivités territoriales, le Conseil économique social et environnemental et la Commission pour le dialogue des territoires, entre autres, doit être envisagée, selon M. Diop.

D'autant, poursuit-il, que «la situation actuelle est, à tout point de vue, beaucoup plus difficile et complexe que celle de 2012 qui l'avait amené à dissoudre le Sénat». En effet, cette fois-ci, le drame des inondations vient s'ajouter à la pandémie de coronavirus avec ses effets dévastateurs sur l'économie nationale et les conditions de vie des Sénégalais.

Pape Diop a donc encouragé vivement le président de la République à aller dans ce sens afin de soulager les populations sinistrées et d'abréger la souffrance des Sénégalais de manière générale.

L’ancien maire de Dakar Khalifa Sall, lui, multiplie les déplacements auprès des populations sinistrées. Il était ce mardi à Cambéréne. Il a tenu à apporter son soutien et sa compassion aux populations victimes des fortes pluies de ces derniers jours.

Khalifa Sall était également au chevet des sinistrés de la commune de Grand Yoff. Sur sa page Facebook, le socialiste lance un message aux habitants de sa localité et du Sénégal face aux inondations. Mais aussi invite le gouvernement à trouver une solution face aux calvaires des inondations. 

«En ces moments difficiles, j’apporte mon soutien et ma compassion aux citoyens sénégalais impactés par les fortes pluies de ce week-end. J’invite les pouvoirs publics à trouver une solution urgente pour le règlement définitif des inondations», a écrit Khalifa Sall.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 09/09/2020 à 15h30, mis à jour le 09/09/2020 à 15h44