Vidéo. Sénégal: soupçons de complot ourdi par la coalition au pouvoir contre l'opposant Ousmane Sonko

Le360/Moustapha Cissé

Le 28/02/2021 à 13h53, mis à jour le 28/02/2021 à 19h08

VidéoLevée de boucliers au Sénégal, où l'ex-candidat à la présidentielle, devenu opposant, n'est plus protégé par son immunité parlementaire. Qu'Ousmane Sonko soit accusé de viol est, pour bien des Sénégalais, un "remake" des affaires Karim Wade et Khalifa Sall, inéligibles sur une décision de justice.

Accusé de viol par une masseuse travaillant dans un salon de beauté de Dakar, Ousmane Sonko, ex-candidat à la présidentielle au Sénégal lors du scrutin de 2019, et désormais opposant majeur du président en exercice, Macky Sall, a vu son immunité parlementaire levée le vendredi 26 février dernier. 

La décision est intervenue au cours d’une séance plénière organisée à l'Assemblée nationale, qui s'est déroulée à huis clos. 98 députés ont voté pour la levée de l'immunité parlementaire du leader du Pastef, 1 contre, et deux se sont abstenus.

La quasi-totalité des élus de l'opposition ont choisi de quitter cette salle de l'Assemblée nationale, dénonçant une "mascarade" et une "cabale" contre ce sérieux adversaire de Macky Sall.

La majorité parlementaire, qualifiée de "mécanique" par l'opposition, a donc voté en faveur la levée de l'immunité parlementaire d'Ousmane Sonko, qui devrait donc être arrêté dès ce lundi 1er mars 2021.

Le concerné, qui refuse à l'écriture de ces lignes de répondre à la convocation de la section de recherches de la Gendarmerie nationale, et qui appelle ses sympathisants à la résistance, pourrait être arrêté manu militari. 

Pour Ousmane Sonko, "la procédure est viciée (...), l’Assemblée nationale n’a pas eu la possibilité de disposer du dossier et il a été demandé aux députés concernés de juste jeter un coup d’œil", a-t-il affirmé, dans une longue déclaration rendue publique. 

"Au regard de ce qui précède, je refuse de répondre à cette procédure viciée! Je dis non à la levée viciée et illégale d’une immunité que nous confère la confiance et le suffrage de nos concitoyens’’, a ajouté le leader de Pastef. 

Ousmane Sonko s'engage ainsi dans une rude bataille avec le régime. Toutefois, il ne sera pas seul dans ce combat, l'opinion publique, visiblement sensible à ce qui semble bien être un abus de pouvoir, lui témoigne actuellement tout son soutien, après les scandales qui ont secoué les Sénégalais, de Karim Wade, fils de l'ex-président Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, l'ex-maire de Dakar, tous deux rendus inéligibles sur décision judiciaire, dans des affaires distinctes. 

Ousmane Sonko invoquait jusqu'à présent la protection que lui confère son immunité parlementaire, pour justifier son refus de se plier à la convocation des enquêteurs. Sauf que les autorités judiciaires ont, entretemps, et en un temps record, demandé la levée de cette immunité.

Selon l'enquête préliminaire, les faits sont tellement en défaveur de la plaignante, que le procureur de la République a choisi de jouer la prudence en émettant une plainte contre X, et non en visant nommément Ousmane Sonko, dans son réquisitoire adressé au juge d'instruction.

Un fait qui laisse supposer que le magistrat, selon plusieurs juristes, a "refilé" la patate chaude, c'est à dire le soin d'écouter la plaignante et les personnes citées dans le dossier au juge d'instruction. Cette affaire qui secoue actuellement le Sénégal ne fait donc que débuter. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 28/02/2021 à 13h53, mis à jour le 28/02/2021 à 19h08