Dakar et sa banlieue sont encore privées d’eau courante depuis ce week-end. Cette pénurie, qui touche également d’autres villes comme Thiès (70km à l'Est) ou Louga (180 km au Nord), est causée par une panne -encore une- à l’usine de Keur Momar Sarr (région de Louga, à 250 kilomètres de Dakar). C’est à partir du lac de Guiers, situé dans cette localité, que la Sénégalaise des eaux (SDE) alimente Dakar en eau potable.
«Il y a eu des perturbations ces derniers jours, une avarie est intervenue à l’usine de Keur Momar Sarr. Nous avons dû tout arrêter pour procéder aux travaux de réparation», a expliqué Abdoul Baal, le directeur général de la SDE, ce matin sur les ondes de RFM. Selon lui, tous les moyens sont actuellement mobilisés pour faire en sorte que la réparation se fasse «au plus vite». Il n’a, toutefois, pas donné de date précise concernant le retour de l’eau, promettant simplement que «la situation allait revenir à la normale d'ici un court délai».
Des citernes au lieu d'eau courante
Pour soulager les populations, la SDE a prévu un dispositif de distribution d’eau dans les quartiers. «Nous déploierons des camions citernes dans tous les quartiers touchés afin que les désagréments soient minimisés», promet Baal.
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En septembre 2013, Dakar avait déjà connu une sévère pénurie d’eau qui avait duré presque deux semaines. Ce douloureux épisode pour les populations était également lié à une panne à l’usine de Keur Momar Sarr. L’un des tuyaux qui acheminent l’eau avait explosé. Et il avait fallu commander la pièce de rechange en France. Ce qui avait retardé les travaux de réparation.
A en croire le patron de la SDE, la nouvelle panne n’est pas forcément liée à une pièce défectueuse. «C’est plutôt une question de génie civil, de travaux de terrassement qui peuvent s'avérer longs. Nos équipes sont à pied d’œuvre depuis cette nuit et nous allons continuer le diagnostic et procéder aux réparations», précise Abdoul Baal.
Pas de sécurité d'approvisionnement
Cette énième panne à l’usine de Keur Momar Sarr pose une nouvelle fois la question de la sécurité de l’approvisionnement en eau de Dakar. Lors de la dernière Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI) qui s’est tenue à Nairobi (Kenya), Tokyo avait confirmé l’octroi d’un financement de 134 milliards de FCFA au Sénégal pour la construction d’une usine de dessalement de l’eau de mer à Dakar.
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Ce vieux projet a été relancé après la grave pénurie d’eau de septembre 2013. D’après Charles Fall, le directeur général de la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES), les projections en matière d’alimentation en eau potable à Dakar nécessitent une réactivité en terme de construction d’ouvrages destinés à renforcer la production. En effet, le déficit d’eau potable de la capitale sénégalaise et de ses environs atteindra 202 017 m3/j en 2025 et 390 888 m3/j en 2035 si, d’ici là, aucun investissement n’est prévu dans les infrastructures hydrauliques.
L’usine de dessalement de l’eau de mer de Dakar, qui aura une capacité de 50 000 m3/j (capacité extensible à 100 000 m3/j), va tenter de répondre à la rapide croissance démographique des régions de Dakar (qui consommera plus de 70% de sa production) et de Thiès.