Sénégal: près de la moitié des médecins exercent dans l’illégalité

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Le 28/12/2016 à 16h18, mis à jour le 28/12/2016 à 17h43

Sur environ 2.000 médecins sénégalais, près de la moitié opèrent dans l’illégalité. C’est le constat dressé par l’Ordre national des médecins du Sénégal. Les risques sont évidemment énormes pour la population.

Près de la moitié des médecins sénégalais exercent dans l’illégalité. La révélation a été faite par l’Ordre national des médecins du Sénégal, qui présentait son tableau des légalistes, ce mardi après-midi, 27 décembre, à Dakar.

«Il y a 660 médecins inscrits dans le tableau A – c’est-à-dire exerçant dans des établissements publics de santé – et 347 médecins inscrits dans le tableau B (catégorie des privés)», explique Dr Joseph Mendy, secrétaire général de l’Ordre national des médecins du Sénégal. Ce qui donne, au total, 1.007 médecins sur environ 2.000 praticiens recensés à travers le Sénégal, soit 50% à 60% de médecins inscrits dans le tableau des légalistes, qui sont en règle.

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D’après la loi de 1964 portant sur la création de l’Ordre des médecins, il faut non seulement avoir le diplôme, mais aussi être de nationalité sénégalaise et inscrit à l’Ordre pour avoir sa carte professionnelle. Seuls les médecins militaires sont dispensés de l'inscription sur le tableau des légalistes. Tous ceux qui ne remplissent pas ces critères sont des praticiens clandestins aux yeux de la loi, même s’ils ont le diplôme.

Les poursuites à l’encontre des praticiens clandestins se sont multipliées ces derniers temps au Sénégal. Le dernier exemple en date a été noté à Diofior, dans la région de Fatick. Un ressortissant belge, accusé d’exercice illégal de la médecine, a été traduit devant la justice.

L’affaire, dans laquelle l’Ordre national des médecins s’est constitué partie civile, sera jugée aujourd’hui au tribunal régional de Fatick. L’ordre national des médecins du Sénégal va aussi saisir son homologue belge pour voir «si réellement la personne incriminée est un médecin belge».

Pour Dr Joseph Mendy, la pratique illégale de la médecine expose les populations à de nombreux désagréments voire, à de réels dangers. «Du point de vue de l’accès aux soins, les mauvais diagnostics, les mauvais traitements délivrés aux patients, jusqu’à la prise en charge financière avec souvent des surfacturations constituent autant de risques», explique-t-il.

Pour mettre de l’ordre dans le secteur, l’Ordre national des médecins du Sénégal invite les autorités à ouvrir une enquête afin de fermer les cabinets illégaux et à traduire les personnes concernées devant la justice. L’Ordre prévoit, en outre, de mener une campagne de sensibilisation à travers le pays pour lutter contre les conséquences dramatiques liées aux pratiques illégales de la médecine.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 28/12/2016 à 16h18, mis à jour le 28/12/2016 à 17h43