Sénégal. Université de Saint-Louis: un semestre perdu pour rien

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Le 28/01/2017 à 09h33, mis à jour le 28/01/2017 à 21h21

Un semestre de perdu pour les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. L’année universitaire 2016-2017 ne commencera qu’en février prochain. Un véritable calvaire pour les étudiants qui sont sous pression devant l’imminence des examens.

Les grèves à répétition qui ont eu lieu au cours des précédentes années académiques continuent de perturber le calendrier de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, jadis connue pour son excellence. Depuis 2014, les étudiants n’arrivent plus à suivre une année académique, débutant en octobre et se terminant en juillet. Ceux-ci pointent du doigt les professeurs affiliés au Syndicat autonome de enseignants du supérieur (SAES) qui, avec des grèves incessantes, ont accumulé des retards dans le programme.

D’ailleurs quelques examens de rattrapage de l’année 2015-2016 sont programmés du 1er au 8 février 2017. Une situation qui inquiète Samba Niang, inscrit en 3e année de géographie. «C’est aberrant. L’administration de l’UGB a programmé les examens de rattrapage en début février alors que nos compositions du deuxième semestre sont en cours», se plaint-il. Cette situation prévaut dans la majeure partie des Unités de formation et de recherches (UFR). Ni les sciences juridiques et politiques, ni les sciences techniques et les sciences économiques et gestion ne sont épargnées.

La situation est encore pire à l’Unité de formation et recherches (UFR) Lettres et sciences humaines où le démarrage de la prochaine session 2016-2017 ne sera effectif qu’en mi-mars. Ce qui n’inquiète pas outre mesure Dah Dieng. «Nous travaillons pour finir les examens du second semestre, boucler la session de rattrapage et proclamer les résultats finaux», rassure, sans convaincre, le chef de la session géographique.

Dans le flou total, les étudiants en sciences juridiques et politiques et les étudiants en sciences économiques et gestion, pour qui le démarrage des cours est jusque-là incertain, ne savent plus où donner de la tête. «Les étudiants des autres UFR qui ont vu la date de démarrage de leurs sessions affichée peuvent s’estimer heureux. Chez nous, aux sciences juridiques, sciences économiques et gestion, on ne parle même pas de démarrage des cours», dénonce un étudiant en colère.

Exception à la faculté de médecine

L’UFR de médecine est le seul département de l’UGB qui échappe au retard. «Comme l’année dernière, nous avons débuté notre session le 3 octobre 2016. D'ailleurs, nos examens du premier semestre sont prévus le 15 février», soutient le délégué des étudiants. Ces étudiants en médecine doivent leur salut à leurs professeurs qui ne s’intéressent pas à la lutte syndicale.

«La grève du SAES ne nous a pas porté préjudice parce que nos professeurs ne suivent pas les mots d’ordre des syndicats», s’est félicité un étudiant en médecine. Autre avantage dans nos études, on ne s’intéressait pas aux activités de la Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL), poursuit-il.

La grève des professeurs affiliés au SAES qui réclamaient le paiement de leurs rappels de salaires, la cotisation pour la retraite et la couverture médicale sont à l’origine du retard que subissent les étudiants de l’UGB. Les étudiants ont, au cours de l’année dernière, observé une grève de 21 jours pour protester contre la présence des policiers au sein de leur établissement.

«Les autorités universitaires ne peuvent pas empêcher les enseignants et les étudiants de revendiquer leurs droits. L’Etat doit penser à équilibrer le budget de l’université car, depuis 2012, les enseignants du supérieur mènent des grèves pour exiger le paiement à temps des salaires des vacataires, la couverture médicale et le versement des cotisations pour la retraite», souligne Boubou Aldiouma Sy. «Pour rétablir normalement le calendrier de l’université Gaston Berger, les enseignants doivent faire des sacrifices en restant 2 ans sans grève», a préconisé le directeur de l’UFR des Lettres et sciences humaines.

Par Moustapha Cisse -Dakar- Mar Bassine Ndiaye et Adil Jad
Le 28/01/2017 à 09h33, mis à jour le 28/01/2017 à 21h21