Sénégal. Ramadan: la Police veut redorer son image par de bonnes œuvres

La police Sénégalaise, un corps exigeant lors de la formation de ses eleves

La police Sénégalaise, un corps exigeant lors de la formation de ses eleves. DR/

Le 25/06/2017 à 10h11, mis à jour le 25/06/2017 à 10h18

La Police nationale distribue 500 kits de repas pour la rupture du jeûne aux populations de Thiaroye, dans le département de Pikine. Du jamais vu au Sénégal. Les limiers chercheraient-ils à regagner la confiance perdue des citoyens?

Au Sénégal, à l'instar du Maroc, le fête marquant la fin de ramadan est prévue pour ce lundi 26 juin. Et comme «Il n’est jamais trop tard pour bien faire», la police sénégalaise s'est distinguée en distribuant 500 kits de «ndogou» (repas pour la rupture du jeûne) aux populations de Thiaroye, dans le département de Pikine (dans la banlieue dakaroise). Ce geste de bienfaisance, qui constitue une première concernant la Police sénégalaise, entre dans le cadre des activités sociales des hommes chargés de la sécurité au Sénégal.

En fin d’après-midi de la journée du jeudi 23 juin, le commissaire Tabara Ndiaye, chef du bureau des relations publiques, a donné le coup d'envoi de l'opération au niveau de la banlieue de Dakar.

Ce geste est fait au nom de monsieur Oumar Maal, directeur général de la Police nationale. «Nous sommes là aujourd’hui (à Thiaroye, plus précisément la route qui mène vers l’hôpital Pikine, ndlr) en ce mois béni du ramadan pour distribuer 500 kits de denrées pour permettre à ceux qui n’auront pas le temps de rompre leur jeûne chez eux, de pouvoir le faire en cours de route», a fait savoir le commissaire Tabara Ndiaye.

Par ce geste symbolique, la Police sénégalaise semble vouloir regagner la confiance de la majeure partie des citoyens qui commence à voir en ceux qui devraient assurer leur sécurité, des ennemis. «Ce geste entre dans le cadre du raffermissement des liens entre la Police et la population comme ça a toujours été le cas».

Et le chef du bureau des relations publiques de la Police de s'exprimer en ces termes: «Nous avons choisi la banlieue pour témoigner notre sympathie et leur montrer que nous sommes et nous resterons toujours à leur service. Cet acte est fait dans le cadre du ramadan, mais nous comptons bien sûr développer des activités dans d’autres domaines. Ce, pour aider et soutenir davantage les populations partout où elles sont», a conclu l’ancienne commissaire de la police d’arrondissement de Thiaroye.

Les populations de Pikine sous le charme de la Police

Agréablement surpris par ce «ndogou» distribué par la le bureau des relations publiques de la police, certains bénéficiaires ont montré une certaine reconnaissance à la sécurité nationale. C’est le cas de cette dame dont le chemin a croisé les policiers qui distribuaient les kits de denrées. «Nous sommes reconnaissants à la Police qui, en distribuant ce ndogou, nous montre qu’elle a pour mission de non seulement assurer la sécurité des citoyens, mais aussi être près d’eux». C’est également le sentiment de Mbaye Thiam, venu profiter de ce repas offert par les policiers. Vendeur de moutons de profession, ce monsieur qui frôle sa soixantaine a préféré formuler des prières à l’endroit de ses bienfaiteurs du jour. «Que le Tout-Puissant leur rende la monnaie de leur pièce en leur accordant une longue vie et plein de succès dans leur travail, surtout en ce mois de ramadan, qui est aussi (un moment) de partage», a-t-il dit.

Les populations apprécient ce «ndogou» offert gratuitement, mais…

Ce geste de bienfaisance de la part de la police pourrait quelque peu apaiser la tension qui existe entre les populations et la Police nationale qui cette année a multiplié les erreurs. Erreurs que beaucoup de Sénégalais ont qualifiées d’abus de pouvoir.

Même si les Sénégalais pardonnent très souvent, ils n’ont pas encore oublié les déclarations de Oumar Maal, le directeur général de la Police, qui, au cours d’une de ses sorties, les accusait de «manquer de courage» devant les agresseurs. Il y a aussi le cas d’Elimane Touré, ce jeune transitaire mort en garde à vue à la suite de son arrestation à son domicile à Yeumbeul (un quartier de la banlieue de Dakar)? Même si la Police a défendu la thèse du suicide dans cette affaire, les populations restent toujours sceptiques. 

Les images des policiers qui ont passé à tabac un homme qui ne tentait même pas de se défendre à Touba ont choqué tous les Sénégalais et le monde entier. C’est à se demander si certains policiers ne sont là que pour menacer, réprimander les populations et non pour les défendre et les protéger. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 25/06/2017 à 10h11, mis à jour le 25/06/2017 à 10h18