Dans son sermon de la prière, l'Imam de la Mosquée Mohammed V de Dakar a regretté, encore un fois, qu'il y ait des personnes qui refusent de suivre ce que la majorité a décidé pour célébrer l'aid el fitr le Lundi. Macky Sall n'a donc pas pu éviter le sujet, mais il a préféré botter en touche. "En matière de religion, il nous faut accpeter l'opinion de chacun", a-t-il dit.
"Il y a une quarantaine d'années, nous nous regroupions pour observer la lune et il nous arrivait souvent de voir ensemble le croissant poindre à l'horizon. Mais aujourd'hui, il y a une cacophonie incroyable. Certains se fient à des inconnus qui appellent à la radio et d'autres suivent la Cour suprême saoudienne, ou les pays limitrophes", affirme, le coeur meurtri, Ahmadou Bamba Ndiaye, un quinquagénaire dakarois.
Cette année encore, malgré l'effort des nombreuses familles religieuses du pays de se concerter, il y aura deux fêtes de korité, terme signifiant fin de la période de jeûne. En effet, les Ibadou Rahmane, mouvement présenté comme proche de l'idéologie wahhabite, ont célébré la fin du Ramadan le dimanche en même temps que l'Arabie Saoudite et la France.
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Pendant ce temps, la commission désignée pour observer le croissant lunaire, a annoncé dès le samedi au crépuscule que la fête de l'Aid el fitr est prévue le lundi. Le fait est que l'ensemble des foyers religieux musulmans du pays se sont alignés désormais sur la commission, notamment les Mourides qui représentent près de 6 millions de fidèles, les Tidjanes qui en font au moins 7 et les Khadres dont le nombre est proche du million. Les Ibadou Rahmane sont une petite minorté que l'on retrouve çà et là dans certaines villes, pratiquement jamais dans le monde rural.
Il faut dire que la communion des familles religieuses soufies ne datent pas de longtemps. En effet, pendant plus de 30 ans, Mourides et Tidjanes ont souvent célébré la fête en même temps. On appelle cela faire "deux korités" ou "deux tabaskis" c'est-à-dire deux aid el fitr ou deux aid el kebir.
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Cela a toujours fait l'objet de vives polémiques divisant les musulmans sénégalais. Les Mourides, à l'image du Maroc, ont toujours eu une commission officieuse mise en place par leur Khalife général. Dans cette communauté où tout le monde se range derrière la décision du guide de Touba, aucun fidèle n'écoute les quidams qui appellent à la radio au bon milieu de la nuit pour déclarer avoir vu la lune.
En revanche, chez leurs cousins Tidjanes, il était admis de débuter le nouveau mois à chaque fois qu'un musulman sénégalais apercevait le croissant quelque part sur le territoire. Sauf qu'on ne sait pas exactement si la personne qui a annoncé avoir vu le croissant est digne de foi ou non.
Il semble qu'une nouvelle ère soit ouverte depuis quelque temps avec la commission en charge d'observer la lune. Il ne reste plus qu'à la faire reconnaître par la faible minorité qui reste. Mais, la tâche est loin d'être facile.